samedi 11 mai 2013

Mendelson


Dis moi mon Pascalou,
t'en as pas marre d'avoir des critiques/chroniques élogieuses ? que tes disques soient à ce point encensés ? En particulier celui que tu viens de sortir il y a à peine une semaine. Ne trouves-tu point cela quelque peu suspicieux ?
Hein ? dis moi tout.
Alors moi, la Myrhh, tel un preux chevalier anti Mendelson pour tous, je m'en vais rectifier ça à gros coup de santiags dans ta face, de kalashnikov, d'arguments massue,bien sentis et d'une rare pertinence.
Pour commencer, tu fais croire au monde entier que tu es un stakhanoviste en sortant un triple album alors qu'en vrai tu es une bonne grosse feignasse.  Non mais c'est vrai quoi, t'as prévu de faire des concerts prochainement ? J'imagine bien le tableau :
- "bonjour on est Mendelson, on vient jouer chez vous avec Matt Elliott. Comme on a que deux heures pour les deux concerts, on va se les répartir comme ça : une heure pour Matt, une pour nous. Mais comme on est des grosses larves, on ne va jouer qu'un seul morceau. Et pendant ce morceau, je vais vous lire le nouveau Guillaume Musso et mes collègues de travail vont faire du tatapoum avec leurs instruments. Ça vous va ??"
Pas con hein mais ça prend pas là.
Tu nous sers également le coup du triple album : ben voyons !!!  t'es pas au courant que tu peux mettre plus de 80 mns de musique sur un cd ? Je t'explique : tu prends tes 5 morceaux du premier disque (environ 40 mns), tu les ajoutes au cinq autres du troisième (42 mns) et tu obtiens un seul disque de 82 mns, nous épargnant ainsi un triple. Tu penses à la nature parfois Pascal ? hein ?? à tout ce pétrole qui te sert à faire tes disques ? Non hein ? c'est bien ça ??? demande à Michael Stipe :  lui, pour épargner la nature il a préféré arrêter la musique. Lui au moins il  réfléchi aux conséquences de ses actes (tu me diras : il aurait pu y réfléchir plus tôt).

D'aucun disent que ton album est une déflagration dans le paysage musical actuel, qu'il n'a pas d'équivalents, que tu bouleverses tous les codes de la musique française. Tu veux savoir ce que j'en  pense ? Va falloir qu'ils s'achètent une paire d'esgourdes en bon état ceux qui écrivent ça. Non mais franchement Pascal :  où as-tu appris à chanter ? hein ??? OU ???Pas une ligne de chant clair sur ton album : tu annones, tu récites, tu sembles te faire chier. Mais bordel, connais-tu Matthew Bellamy ?? ou plus près de chez nous Damien Saez ou Calogero ? Eux au moins savent ce qu'est CHANTER, eux au moins savent moduler leur voix, savent rendre poignante chaque note que leur organe vocal produit. Toi t'es là, tu récites tes textes comme un dépressif raconte sa vie. Parlons en tiens.
Aahhhhhhhhhhhhh, ces textes............... ces textes !!!
Tu crois qu'écrire un bouquin et le réciter pendant près d'une heure va te donner une crédibilité artistique que d'autres n'ont pas ? As-tu eu au moins connaissance de la signification du mot suivant : concision. CON-CI-SION ??
Visiblement : non.
 Tes textes, c'est d'une longueur à faire pâlir de jalousie Siffredi, c'est d'un morne qui plus est. Franchement, Pascal, si tu laissais Christophe Maé les faire, tes textes, ce serait mieux pour tout le monde. Ce serait simple, frais, garanti sans prise de tête, accessible à n'importe qui. Au lieu de ça, tu ponds des textes chiants, désespérants d'où semble ne filtrer aucun espoir. Tu utilises un dévidoir à horreurs (la palme revenant à le jour où) faisant presque dans la cruauté gratuite. A un moment j'ai quand même cru au miracle : une autre histoire. Je me suis dit : chouette, il reprend Gérad Blanc, textuellement ça va enfin être compréhensible et simple. Mais nonnnnnnnnnnnnnnn. C'était pas Gérard Blanc.

Et je ne suis pas encore arrivé à l'essentiel.
La musique.
Si tant est qu'on puisse appeler cela comme ça.
Dis moi, t'en fais exprès ou tu te noies dans le beurre? parce qu'à première vue, tu ne sembles connaitre que deux options pour faire de la musique : le silence ou le bordel. Laisse moi t'en ajouter une troisième : la mélodie. Un truc simple, tu sais. Fait avec des notes, formant parfois des harmonies, le tout créant un air. La mélodie a pour but de te faire passer un agréable moment, de t'extraire d'un quotidien parfois morne. Ca n'a pas besoin d'être compliqué- jette une oreille à ce que fait Christophe Maé, ou à ces génies mélodiques que sont Tryo par exemple-, juste d'être agréable. Mais non, là mossieur a des ambitions, mossieur intellectualise sa musique. Pascal, sors toi les doigts du fondement, fais un effort, rends toi accessible. Dès le premier morceau on sait que musicalement ton triple album (mon dieu, mais quelle idée !!!) sera une purge : plus de deux minutes à attendre que le batteur tape sur ses futs, dix que vienne une mélodie, un truc à se mettre sous la dent. A la place de ça, à quoi a-t-on droit ? à des blips insupportables, des blings, des guitares qui s'accordent en cours de morceau.
Et tu appelles ça de la musique ?
Laisse moi te dire que ce n'est pas avec ce genre de disque que tu vas révolutionner quoi que ce soit, que tu vas t'attirer de nombreux auditeurs. Se foutre aussi ouvertement de la gueule des mélomanes que nous sommes devrait t'attirer les foudres et ça ne serait que justice. Ca a d'ailleurs commencé dès le 06 mai dernier : tu remarqueras mon petit Pascal que les inrocks, ce canard gauchiste et révolutionnaire, n'a pas écrit une seule ligne sur ton disque, préférant se gausser à juste titre par ailleurs, sur le nouvel album de Daft Punk.
Il y a donc une justice divine en ce bas monde.


Pour conclure, et pour être tout à fait complet, je n'ai connu, depuis que je consomme de la musique compulsivement (soit près de 25 ans), que quatre chocs musicaux en matière de rock français actuel (je ne tiens volontairement pas compte du métal, auquel cas il faudrait rajouter Blut Aus Nord, Deathspell Omega, S.V.E.ST et d'autres encore) Ces disques que j'écoute encore de façon régulière m'accompagne depuis bientôt vingt ans. Petit rappel chronologique :  il y a en premier lieu le #3 de Diabologum (1996), qui n'aura jamais connu de successeur. Vient ensuite le remué de Dominique A (1999) dont la carrière a pris un tout autre chemin depuis avec plus ou moins de sommets mais toujours passionnante et d'une grande dignité. En 2000 c'est le quelque part de Mendelson, grosse grosse claque avec cet album rock/free-jazz reprenant la ligne de conduite instaurée quatre ans plus tôt par le #3 de Diabologum. Et enfin arrive l'imprudence de Bashung en 2002 (bien que je lui préfère Novice, la première écoute de l'imprudence fut un choc sans pareil.) Depuis 2002 donc, rien, que dalle.
Cette année, nouveau choc donc. Avec, de nouveau, l'un des groupes cités plus haut. A vrai dire le seul encore en activité avec Dominique A. Nouveau choc pour les raisons absolument inverses de celles évoquées tout au long de cette note. Je ne les reprendrai pas mais Pascal, tu peux maintenant t'arrêter quand tu veux . Tu viens de sortir un disque tellement hors norme qu'il nous/me faudra bien au moins une décennie voir deux pour en faire le tour. Un tel niveau d'exigence et d'aventure, c'en devient presque dégueulasse pour la concurrence (autant nationale qu'internationale). Ce triple album est un triple choc dont je vais clairement avoir du mal à me remettre. Pour moi, il est évident qu'il y aura un avant et un après Mendelson, ni plus ni moins, on ne peut pas sortir un tel disque sans laisser de traces, qu'on aime ou qu'on déteste, ce disque ne peut laisser indifférent.
Mendelson est grand, Pascal Bouaziz est grand. Il fallait que ce soit dit.
En toute objectivité bien sur.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire