jeudi 26 juillet 2012

Saskia : dreamer

PPfffffiouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu fait chaud hein ???!!
besoin d'un rafraîchissement ? J'ai en stock, rien que pour vous, un bon folk glaçant comme on en fait plus depuis Nico.
 Enfin, Nico c'est tout de même un peu exagéré mais pas depuis Cat Power et son excellent you are free (bientôt 10 ans tout de même). Le rafraîchissement en question se nomme Saskia et outre la voix, l'univers, elle a en commun avec Chan Marshall d'être produite par Jim White de Dirty Three. La jeune femme vient de Melbourne, Australie et pratique un folk/slowcore à deux de tension les jours de grandes frayeurs.
Ok, on a déjà écouté ça des milliers de fois mais là on joue dans la catégorie des élites. Les Hope Sandoval, Chan Marshall, Cinthya Dall entre autres... Une voix, une guitare, un brin de talent et hop la magie opère de nouveau même s'il n'y a rien de bien neuf là dedans.
En revanche quand elle vire la guitare pour le piano, on entre dans une autre catégorie. Le folk devient expérimental, l'atmosphère étrange. Lynch et son cortège de bizarreries s'invite à la table et y fout un boxon inattendu, let your dreams aurait très bien pu servir de chanson dans le cabaret silencio de Mullholand Drive au moment où tout bascule. Pas étonnant également qu'elle compte dans ses fans Tim Burton tant l'atmosphère gothique se dégageant de certains morceaux pourraient de même être inclus dans ses B.O.
Dreamer, album évoqué ci-dessus, est sorti en décembre 2010. Vous pourrez le télécharger gratuitement sur son bandcamp en excellente qualité (320 kbps) ainsi que toute sa discographie. Autre bonne nouvelle, elle prépare son véritable premier album qui devait sortir avant la fin de l'année.


vendredi 20 juillet 2012

Stagnant Pools : temporary room

Faisons fi de toute aversion, de la rancoeur accumulée ces derniers temps avec ces chroniques malséantes au travers desquelles j'étalais mon mauvais karma auprès de lecteurs assidus ahuris, étonnés par tant de négativisme. Je me dois de cesser cela incessamment sous peine céder aux sirènes de la haine ordinaire.
Alors oui, aujourd'hui je vais aimer, aimer très fort ce qui va suivre. Car il faut savoir parfois n'être que paix intérieure, amour et condescendance. Ou comme le dit si bien le grand philosophe fiscal Patagonien : il faut savoir aimer.
Vous allez me dire : me suis-je envoyé la discographie complète de Pierpoljack ou encore Tryo pour sortir de telles conneries ? Pour verser dans un tel sentimentalisme primaire.Ai-je consommé les champignons de l'amour pour raisonner ainsi ?
Mais que nenni. Je les incague moi ces mous du bulbes. Aujourd'hui, ça va chier la bite !!! Aujourd'hui est un jour où je vais parler de rock sale. Pas celui aseptisé de Jack White. Non, un truc vraiment dégueulasse,crade, fait avec deux accords et une putain d'énergie, un truc à vous faire lever l'ithyphalle las du Sieur Manoeuvre. Un exploit.
Souvenez-vous, dans les années 80 quand les frangins Reid réveillaient le rock moribond depuis quelques années, avec leur mur du son bien crade, leurs deux accords, leurs rythmes bi voir mono-naires et leur légendaire psychocandy. Ben cette année c'est aux frangins Enas ( Bryan et Douglass, 21 et 22 ans) et leur groupe Stagnant Pools de prendre le relais des frères Reid. Comme les frères Reid, ils ont :  le son (relativement dégueulasse), l'énergie, la simplicité, l'immédiateté, l'urgence. Un album doit faire maximum 3/4 d'heures, contenir plus de 10 morceaux et  ceux-ci ne doivent pas dépasser les 4 minutes sous peine de faire chier l'auditeur. Telles sont les saintes écritures édictées par les frères Reid et devant lesquelles les américains se prosternent nuit et jour et appliquent les préceptes avec une ferveur de disciple trépané.
 Nonobstant, à partir du stun, sixième morceau, s'opère un changement radical. Les frères Enas ont découvert une annexe des saintes écritures : le nouveau testament selon Saint Shields. Après réunions houleuses, tergiversations diverses et variées, brainstorming  intense, ils décident de l'appliquer en sus de l'ancien testament . Dès  ce moment........ rien ne change vraiment en fait. Les morceaux s'enchaînent sans temps mort, les changements d'accords se font toujours aussi rares, le batteur applique son Moe Tucker pour les manchots avec une application rare, le son devient de plus en plus dégueulasse (le pompon étant décroché par waveland, limite audible mais alors absolument jouissif) mais les mélodies, simples vu le peu d'accords utilisés,  vous restent vissées dans le crâne de façon irrémédiable.  Il y a dans temporary room une fougue, une sincérité désarmante qui fait plaisir à écouter  : les gars savent à peine maîtriser leurs instruments ( pas de solo, accords et arpèges simples) mais ils en sortent une tension, une urgence que je n'avais pas entendu depuis l'excellent get colors de HEALTH. Stagnant Pools n'inventent rien avec leur premier album (un mix de My Bloody Valentine, Killing Joke, Jesus & Mary Chain, quelques lignes mélodiques sorties du mistress électrique de Red House Painters -dead sailor-, un peu de Joy Division. Beaucoup les sortent ces temps-ci ces références.) mais ont déjà une identité qui leur est propre. Ce qui est, je dois l'avouer, énorme.

Un dernier point que je tenais à soulever : choisir comme pseudonyme un des plus beaux morceaux de Felt finit par ne laisser aucun doute quant à la qualité de l'album en question et à la classe du groupe.

écoute et achat  ici

mardi 17 juillet 2012

l'hémorragie auriculare du jour

L'hologramme est le produit de l'holographie. Il s'agit historiquement d'un procédé de photographie en relief. Aujourd'hui, un hologramme représente une image en trois dimensions apparaissant comme « suspendue en l'air ». Le mot hologramme provient du grec holos « en entier » et graphein « écrire».

Si en photographie le procédé semble révolutionnaire, musicalement parlant, en revanche, sa principale caractéristique est de ne pas l'être. Mais alors à un point qui frise le génie. Ou pas. C'est à peu de choses près ce que je me suis dit en écoutant le premier album d'Holograms.
Autant le dire tout net : l'écouter tient de la purge si ce n'est de la torture. Enfin, n'exagérons rien. Torture serait un chouïa excessif.
Holograms est pour tout vous dire un groupe suédois composé de quatre garçons dans la neige, la mèche au vent, le costard de rigueur,  suédant (du verbe suéder, cf be kind rewind de Gondry dans lequel des tarés de cinéma s'amusaient à refaire avec les moyens du bord les grands succès internationaux) Interpol jusqu'à la trogne. Sachant déjà qu'Interpol suédait à mort Joy Division et consorts avec, il faut tout de même l'avouer, un talent certain sur leurs deux premiers albums, imaginez un peu ce que peut donner le suédage de suédage. Alors à quoi cela peut-il ressembler me direz-vous ? à rien serais-je tenté de vous dire si j'étais méchant. Mais comme je suis d'une rare objectivité concernant cet album je dirais, avec une impartialité qui ne peut que m'honorer, que cela ressemble à du Bloc Party reprenant Franz Ferdinand se foutant de la gueule d'Interpol qui reprendrait comme une grossière contrefaçon Killing Joke singeant Joy Division le tout joué par un batteur qui aurait appris par coeur les plans batterie Lol Thorustien du pornography des Cure et chanté par un clone sans inspiration de Robert Smith. Ouf...
Certains diront que cet album suinte l'urgence, carbure à l'adrénaline...faudrait tout de même vérifier la date de péremption de l'adrénaline en question parce qu'objectivement, as usual, cet album ne risque pas de réanimer qui que ce soit tant cette musique est d'une platitude tout bonnement effrayante.
Vous me direz qu'actuellement  le rock, c'est comme la chimie : rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Sauf qu'Holograms réussit l'exploit de ne rien créer, ne rien transformer et de perdre le post punk en route en le vidant de toute urgence à force de mimétisme. Je vous vois venir : mais la myrrh, pourquoi tant de haine ? Les compos sont tout de même efficaces (monolith, c'est pas de la merde tout de même non ??quand tu l'écoutes, ça te donne envie de ressortir tes habits gothiques, ton manteau chauve-souris, de mover ta tête de gauche à droite puis de droite àgauche et nettoyer le plafond avec tes cheveux corbeaux en pétard), ça ne révolutionne rien mais ça reste plutôt pas mal branlé non ? Ben ouais c'est possible mais les câbles sont si grossiers que de la pitié que ça inspire d'abord finit par se transformer en colère.Colère parce qu'on nous prend pour des cons, parce qu'Holograms ressemble à un boys band indie de plus, colère d'autant plus justifiée qu'Holograms sera très probablement la prochaine hype inutile qu'on aura portée aux nues dans deux mois et oubliée dans trois.
En même temps, si j'étais moins con, je n'y participerais pas en évitant d'en parler,en ne tombant pas dans le panneau comme un vulgaire idiot que je suis.
 Mais ça, ce serait si j'étais moins con.

samedi 14 juillet 2012

Thomas Belhom : rocephine

Rocéphine : ANTIBIOTIQUE ANTIBACTERIEN de la famille des bêta-lactamines du groupe des céphalosporines de 3ème génération. Utilisée en première intention contre les infections méningées, la maladie de Lyme, les pneumopathies, la bronchite chronique infectieuse, pyelonéphrite, infections urinaires basses, purpura fulminans.
Rocéphine : puissant antibiotique utilisé pour purger les portugaises encombrées par des otites à répétition (otites récentes -2012- dites  Dominiquaniose ou celles, plus virulentes, de 2011 : l'otite Miossecose ordinarite, redoutable.) avec atteinte grave du nerf auditif. Délivrée par le Professeur Thomas Belhom, cette rocéphine se distille dans vos conduits auditifs tel un poison à diffusion lente et a des propriétés dépuratives remarquables. La prescription de 45 minutes permet de en effet de purger toutes les vessies franco-françaises qu'E.D.F a tenté de nous faire ingurgiter ces derniers temps (Izia, Zaz, Mademoiselle Nineteen, Coeur de Pirate et bien d'autres encore).  Pour plus d'efficacité le professeur Belhom s'est permis de proscrire justement toute électricité, de ne conserver que la substantifique moelle acoustique de sa musique. Pour parvenir à un résultat d'une efficacité aussi confondante, il s'est allié au Dr Staples, clinicien de génie chez Tindersticks, le temps d'un morceau (il faudrait d'ailleurs qu'on m'explique pourquoi le Staples s'amuse depuis le dernier album des Tindersticks à utiliser la réverbération sur sa voix, c'est un poil agaçant) . Il a également expurgé toutes velléités rock ( go TV ! excepté, sur laquelle, dans les dix dernières secondes, il retrouve l'usage de la guitare électrique) pour soit tendre vers un psychédélisme d'une grande douceur (champignon agréable), soit vers une pop de chambre à forte influence jazz, soit vers une pop expérimentale vers laquelle tend Dominique A depuis quelques années sans véritablement y parvenir (temps allongé, l'avancée en moi plus proche d'un Jérome Minière cependant) ou encore une sorte d'art pop à la Talk Talk (yumi, ciel). Chaque composant de cette rocéphine est, il faut l'avouer, d'une redoutable efficacité pour les ouïes. Cependant le bougre ne se contente pas d'utiliser tout le spectre de la pop pour parvenir à ses fins, il se permet également de s'aventurer sur les chemins de traverse en galante compagnie (excursion) ou de verser dans l'expérimental sans pour autant qu'il y ait d'interactions fâcheuses au niveau moléculaire. Quant à l'enrobage, il est d'une grande délicatesse, voir d'une grande finesse, proche de l'os, subtil mélange du Mark Hollis (toujours dans les bons coups quand il s'agit de tutoyer l'excellence) et du remué de Dominique A.
Bien entendu, le mode d'emploi est livré dans différentes langues (français, anglais) afin de faciliter la compréhension de tout un chacun.
Décidément, quelques semaines après la parution des nouveaux Arlt ou Avec Pas D'Casque, le rocéphine de Thomas Belhom me fait dire que 2012 est définitivement une putain de grande année pour la chanson francophone. Et Ici D'ailleurs, label qui le distribue, un label exigeant et toujours intéressant dans ses choix.
album en écoute ici , en vente là  .

mardi 10 juillet 2012

Screaming Corpses : a different taste of consciousness

Vous le savez toutes et tous : ce crucial blog, the beauty of sadness, tient son fabuleux nom du merveilleux album de Maeror Tri, ancêtre des non moins indispensables Troum. Mais Troum n'a pas toujours été Troum. Le trio, en 1987, était en fait un quatuor ( ou un quintor, allez savoir) et se nommait Screaming Corpses. Comme le nom peut le laisser supposer, ils n'officiaient pas encore dans l'ambient ou le drone mais dans un post-punk expérimental complètement barré. Vous le savez : quand on est musicien, sans technique, le principal n'est pas d'apprendre à maîtriser ses instruments mais plutôt le flux énorme d'idées qui peut sortir de quatre cerveaux en ébullition. Sur a different state of consciousness, premier et seul album de Screaming Corpses, c'est exactement ce face à quoi on se retrouve. Quatre gars qui ne savent pas encore dans quelle direction ils souhaitent faire aller leur musique mais en ont tout de même une petite idée : du moment que ce n'est pas accessible, n'importe quoi fera amplement l'affaire. En l'occurrence un zeste de drone, beaucoup de noise, quelques cris, pas mal de guitares désaccordées et sursaturées, un batteur ne sachant battre véritablement que les oeufs et vous obtenez un album franchement hardcore, âpre, d'une rugosité ne présageant en rien la beauté des enregistrements futurs. Loin de l'ambient mais très proche dans l'esprit du land speed record d'Hüsker Dü, voir du it's spooky de Fair & Johnston.
Il est curieux de voir l'évolution d'un groupe à l'aune de leurs premiers enregistrements : écouter Screaming Corpses, c'est écouter les balbutiements hardcores d'un groupe encore trop imprégné par le rock. C'est écouter les balbutiements d'un groupe qui, au fil des albums, abandonnera complétement l'usage semi-traditionnel du couplet/refrain/pont/viaduc/dynamite/arts plastiques pour s'aventurer  dans des contrées que peu exploreront avec autant de brio. La seule constante que gardera le groupe sous ses autres patronymes est ce goût pour l'aventure qui le caractérise déjà dans cette cassette.
 La musique de Screaming Corpses se démarque par un jusqu'au boutisme en matière de rock qui les rapproche d'un Einstürzende Neubaten, alternant morceaux rock expérimentaux  avec de courts interludes limite ambient. Cependant, l'intelligence de Screaming Corpses sera de reconnaître que le rock n'est absolument pas fait pour lui, bien trop restrictif pour ses ambitions. Ils ont tenté l'aventure sur 22 morceaux, comportant de véritables fulgurances, quelques ratages mais un ensemble malgré tout homogène et assez réussi. Le clou de l'album étant les douze minutes du malsain boundary to insanity  (à l'origine le morceau devait en faire trente), mélange d'ambient à la Maeror Tri, de mur du son pré-My Bloody Valentine, d'expérimentations sauvages  et de beuglements indistincts à la Mark E Smith  faisant du morceau une expérience assez paroxystique.
Et là je ne parle là que de a different state of consciousness, première cassette de Screaming Corpses. Une seconde est parue la même année, over my dead body !!! sur laquelle je n'ai malheureusement pu jeter une oreille car absolument introuvable sur le net.
En 1988, le tour du rock étant fait, le groupe va pouvoir se développer en virant deux membres, la batterie, changeant de nom et s'introduire à l'experimental pur via l'exploration des sons liés à l'usage maltraitant des guitares et à l'ambient dans le même contexte. En revanche, contrairement au rock, la publication de plus de quarante albums ne sera pas suffisant pour en faire vraiment le tour. Toujours est-il que a different state of consciousness reste à ce jour une curiosité bien plus intéressante que nombre de disques dits expérimentaux sortis ces derniers temps, la vision tronquée et barrée d'un groupe d'ambient voulant pratiquer le rock. Pas un chef-d'oeuvre mais une expérience très intéressante.

jeudi 5 juillet 2012

l'hémorragie auriculaire du jour

Aujourd'hui est un grand jour : the beauty... s'apprête à vivre un grand changement. Oui, vous avez bien lu : un changement.
Lequel ? me demanderez-vous.
Vais-je arrêter d'être con ? me mettre à écouter enfin de bons disques ??
Parce que je suis quelqu'un de bien, je tiens à vous rassurer prestement : c'est pas prêt d'arriver. D'autant plus que pour cette nouvelle note je vais cumuler les deux. A savoir écouter une daube et être con. Je peux le faire.Et même plutôt bien.Enfin je crois.
Bon. Revenons à nos moutons : c'est quoi ce changement ?
Ma main dans ton disque se l'est finalement mangée et il y a maintenant à sa place un vide à combler. Le co-créateur a plié les gaules, arrêté de vouloir écrire des conneries, s'est retranché dans son appart' et fait maintenant de la musique sous le pseudo de Despair. Qu'on peut écouter ici et notamment.
Pour combler ce vide, je propose, modestement, une nouvelle rubrique : l'hémorragie auriculaire du jour.
Elle consiste en quoi cette rubrique ? : de modestes conseils sur les disques à éviter. Ces artistes qui prennent leurs vessies pour des phares. Exemple ? Geoff Barrow. Le gars bien sympa, tête pensante de Portishead et hyperactif contrarié diagnostiqué récemment.
Pensez-vous : onze ans pour sortir une suite au second Portishead et là en six mois il te sort trois albums d'affile : le premier sous le pseudo de Quakers, album hip hop de 41 morceaux sorti avec un second cd de remix ( soit 82 morceaux en tout et pour tout), le second sous son propre blase en compagnie de Ben Salisbury pour un hommage à la musique progressive germanique des années 70 (drokk : music inspired by mega-city one, soit dix-neuf morceaux au compteur) et enfin celui qui nous intéresse (pas trop en fait) principalement :  >> de Beak.
Beak est donc un side-project experimental ayant pour concept la musique allemande des années 70. Vous vous dites : Geoff Barrow, batteur/créateur de sons de Portishead, qui se fout à la musique expérimentale allemande, ça devrait, selon toute logique, envoyer du lourd. C'est vrai quoi : suffit d'écouter 3 de Portishead pour comprendre que la musique allemande et notamment Can, Geoff Barrow il l'aime d'amour. Elle dégouline, transpire, suinte par tous les pores de ce grand album.
C'est donc un minimum confiant que j'entame l'écoute du second Beak. N'ayant pas jeté une oreille au premier.
J'appuie sur play, the Gaol démarre et là............rien ou pas grand chose. Je perçois un vague son de synthé vintage avec lequel un môme de quatre ans semble s'amuser en triturant les boutons (celui de la vitesse notamment), une batterie qui en serait à la première ligne de premier chapitre du Jaki Liebezeit illustré pour  manchots et cul-de jattes mononeuronés en institution pour personnes âgées dépendantes (et encore, je suis gentil), et surtout me vient une irrépressible incompréhension face à cet instrumental : le Geoff il se fout de notre gueule ou c'est moi qui suis complétement hermétique à ce genre d'expérimentations ?  Bref : dès les trente premières secondes je me dis que le second Beak, ça va être du grand art.
Impression confirmée par le morceau suivant ainsi que tous les autres.
Et encore, cette introduction est loin d'être aussi catastrophique que le reste de l'album. Parce que le Geoff (et le reste de son crew) en veulent clairement à nos conduits auditifs. C'est pas possible autrement quand j'écoute spinning top, troisième morceau de son état. Je me dis que  Barrows s'est enfilé les pires copier/coller de Can pour la musique, toutes les expérimentations casse-couilles de Richard Youngs pour le chant, a mixé tout ça en  mode mono-neuronal sous herbes médicinales qui ralentissent le mode de pensée et a fini par nous le recracher d'un jet, sans vraiment se rendre compte de la bouillasse qu'il nous présentait là. Cette présentation peut sembler un tantinet violente mais l'écoute de second Beak ressemble tellement à un foutage de gueule, fait par un cancre de cinquième copiant sans vergogne sur son brillant voisin, que le port de gants en son encontre finit par ne plus devenir obligatoire. Pas une seule note ne sonne juste, originale, tout est repompé sur les grands chercheurs (et trouveurs) allemands des années 70. Ajouter à cela que le batteur (donc Barrow) doit avoir une tension avoisinant les 0.5, que la basse n'a aucune once d'originalité et vous comprendrez que leur hommage sente principalement la naphtaline et sonne ridicule. Pas loin dela définition de la purge musicale. C'est d'autant plus risible qu'est sorti ces derniers jours le merveilleux coffret the lost tapes de Can qui, en trente secondes, fait plus moderne, plus abouti que 47 minutes de Beak. Un comble quand on sait que ce sont surtout des morceaux perdus qui n'avaient pas pour vocation d'être retrouvés.
Alors Geoff, sois sympa : retourne avec Beth Gibbons et Adrian Utley et fais ce que tu sais le mieux faire jusque là : batteur chez Portishead. Ou encore le rapper avec Quakers mais abandonne l'idée de refaire une nouvelle crotte de Beak, pour le bien de nos conduites auditifs.
(eh oui : tout ça pour ce jeu de mot éculé).
Apparemment je ne trouve pas de vidéos sur toitube et en y réfléchissant bien, c'est pas plus mal.

lundi 2 juillet 2012

Avec Pas D'casque

Quelque part dans l'Ouest canadien :
-salut t'écoutes quoi, là ??
-Hein ??
-T'écoutes QUOI ??
-désolé, j't'entends pas, nom d'un caribou,  j'ai avec pas d'casque dans mon casque stéréo.
-Hein ?? quoi ??? l'a pin compris qu'est qu'tu dis !!! t'as un casque ou pas ? parce que là, présentement, j'te vois avec un casque stéréo qui a l'air de jouer de la musique fort dedans.
Bon je vais arrêter là ce dialogue de sourd et m'en vais introduire de façon un peu moins lamentable le très beau Astronomie sorti il y a près d'un mois  par le groupe canadien  Avec Pas D'casque.
Quoi ???!!!! des canadiens ??? et ils chantent en français ?? hostie de calice de tabarnacle !!!!
Oui mais......si vous pouviez commencer par mettre de côté vos remarques perfides voir  fourbes si ce n'est sournoises à propos de leur accent à couper à la machette façon Jason Voorhees perdu au beau milieu d'une fête estudiantine et prêter une oreille attentive à leur album, je vous en serais gré.
Parce qu'une fois qu'on a fini de se marrer avec leur accent, quand on écoute un tant soit peu la musique, on se dit qu'on tient là une sorte de Smog, voir de Barzin canadien (ah merde, il l'est déjà). Leur slowcore country-folk navigue dans les mêmes stratosphères que celles du canadien (magnifique chanson que ces deux colleys, si proche de l'excellence de my life in rooms) et leur façon de traiter la country nous renvoie directement au red apple falls (défrichage notamment ou encore l'intro d'intuition #1 en écho au morning paper ). Les références peuvent paraître écrasantes mais elles sont loin d'être imméritées. Astronomie (titre parfaitement adapté soit dit en passant) dévoile au fur et à mesure des écoutes une cohérence dans l'excellence qui force le respect. L'atmosphère y est feutrée, boisée, douce (m'est avis que la lap steel y est pour beaucoup), parfois traversée de tensions ( intuition # 1 ou talent) avec des arrangements par moment détonants (les cuivres de veiller le feu) et étonnants (le gimmick beach boysien de la longue et passionnante complainte apprivoiser les avions). Pour autant n'allez pas croire qu'Avec Pas D'casque soit un doppelgänger de Smog. Si le groupe semble avoir une culture indie lo-fi (américaine surtout) prégnante, il n'en est pas moins canadien jusqu'au bout des ongles. Pour le meilleur, la plupart du temps, et parfois pour le moins bon ( la journée qui s'en vient... a un arrière-goût de Louise Attaque acadien assez désagréable malgré une guitare acoustique traitée comme celle de Swell sur les trois premiers albums). Pour tout dire, puisqu'on en est aux reproches, astronomie perd de sa cohérence quand le groupe force le trait, hausse le ton ou se lance dans l'expérimentation vaine (astronomie). La souplesse, la nonchalance même, lui sied de façon remarquable et envoie Avec Pas D'casque loin, très loin, dans une stratosphère proche de celle du felt de Lilium, magnifique album sorti il y a deux ans.
Alors comme je l'ai dit plus haut, ne vous arrêtez pas à l'accent (qui, une fois apprivoisé, finit même par devenir indispensable au charme exercé par ce disque) et n'hésitez pas à plonger façon Corse (pieds lestés et poings liés) dans ce très beau astronomie que vous pourrez découvrir et acheter (c'était un communiqué du ministère de la culture canadienne).