jeudi 14 juin 2012

Francis Harris

Suite à mon dernier billet pour lequel j'ai reçu une tonne de mails  ainsi qu'un nombre incalculables de commentaires enthousiastes voir limite délirants, je me suis décidé à re-maltraiter mon clavier de façon plus régulière que ces deux derniers mois. Vous me direz : vu le nombre de notes pondues en deux mois, t'auras pas de mal à faire mieux, sale feignasse de corse.
Ce à quoi je rétorquerais : ...


Ce préambule passé, ainsi que ma convalescence, attaquons sérieusement le sujet avec un album passé plutôt inaperçu en ces contrées francophiles :  leland de Francis Harris.
 Hein ?? Kesako ???
Vu la bande d'ignares incultes que vous êtes, je vous préciserai que le sieur est américain et pratique une techno deep house de fort bonne facture. Son premier album sous son nom, leland, est une véritable tuerie, une invitation à la glande, un truc à faire passer St Germain pour un putain d'agité du bocal, du lounge de grande classe. Vous vous dites : on nous a déjà vendu le même produit il y a un peu plus d'une dizaine d'années avec le tourist de St Germain. De la deep house lounge pour bobos, plus que gonflante sur la longueur. Certes mais en dix ans Harris a su écarter les écueils d'un tourist pour ne  prendre que le meilleur de la deep house en y introduisant de véritables instruments live. Sur leland, vous croiserez : une trompette sur plusieurs morceaux, un violoncelle, des vocaux blues évoquant Nina Simone (formidable Gry Bagøien), quelques cymbales, le tout dans un équilibre quasi parfait. La deep house voir le dub se marie de façon  parfaitement adaptée au jazz proposé par Harris (et réciproquement), invitant à la glande plus que propice ( pharoah in the morning dans ce style est limite sublime quand même hein).
Leland dans sa structure est parfaitement conforme à ce que l'on peut attendre d'un album deep house dans ce qu'il y a de plus caricatural, à savoir quelque chose de vaguement dansant, vaguement lounge, une sorte de musique d'ascenseur  faite pour les cocktails chiants ou les fins de soirées impersonnelles. Le plus qu'apporte Harris est une profondeur peu commune : à l'efficacité des rythmes techno s'ajoute une touche humaine voir mélancolique qui n'envahit pas complétement les morceaux mais les torpille de l'intérieur (le meilleur exemple reste close air : le violoncelle avance à pas feutrés et finit par devenir obsédant à force de vouloir rester en retrait). Résultat : en soirée vous sirotez votre cocktail, vous n'êtes pas loin de vous faire chier puis, au bout de deux morceaux, vous chialez sans comprendre pourquoi en dansant comme un con, éliminant quelques litres de sueurs et de larmes. Frôlant la déshydratation. C'est là l'effet Harris : proposer une house/tech house/dub/techno relativement classique, efficace et lui apporter une touche d'humanitude. C'est  également d'apporter suffisamment de maturité, de tension, de doser d'une main de maître l'humain et la machine pour rendre leland passionnant sur près de 80 minutes, faire en sorte qu' à aucun moment on n'ait  envie de lâcher l'affaire et réussir l'exploit de le rendre accessible à tout un chacun. Leland finit par envoûter de façon doucereuse sans vraiment y être préparé, on y entre un peu par effraction et on finit par ne plus vouloir en partir. Au final de la house bien plus deep qu'il n'y paraît.

Mais, comme je sais que vous êtes une belle bande de blaireaux incultes incapables de croire le moindre de mes mots tapés avec amour et douceur sur ce clavier, je ne peux que vous conseiller d'aller faire un tour ici et afin de vérifier la véracité de mes dires. Eux expliqueront mieux que moi la profondeur de leland.

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