lundi 31 décembre 2012

Dépôt de bilan 2012

Vous ne l'aviez peut-être pas remarqué mais aujourd'hui nous sommes le dernier jour de l'année 2012. Incroyable n'est-il pas ?
Qui dit dernier jour de l'année dit forcément regard nostalgique sur une jeunesse qui s'éloigne de plus en plus, sur une année écoulée forcément plus merdique que la précédente du fait du rapprochement inéluctable des douleurs arthritiques ainsi que des changes complets.
Qui dit 31 décembre dit forcément bilan et bonnes résolutions.
Les bonnes résolutions, comme les promesses, n'engagent que ceux qui y croient.
Pour 2013 par exemple j'ai décidé d'un commun accord avec moi-même, ainsi que mon moi profond, d'être moins con et moins corse ( en gros de faire plus d'une note par semaine). Connaissant mon courage, il flotte là comme un parfum d'utopie.
Pour le bilan en revanche, ça, je peux faire. Mais comme ma nature profonde a tendance à remonter à la surface très facilement, je ne vais pas trop me faire chier et balancer ce qui m'a marqué en cette excellente année musicale.
Dont acte.

Blut Aus Nord : 777 cosmosophy
Kevin Tihista's Red Terror : on this dark street
Om : advaitic songs
Ozarks :
Spiritualized : sweet heart, sweet light
Arlt : feu la figure
Jessica Pratt :
Daughn Gibson : all hell
Fabio Orsi: the new year is over
Swans: the seer
Tindersticks : the something rain
Aidan Baker : the spectrum of distraction
Chromatics : kill for love
Paul Buchanan : mid-air
Six Organs Of Admittance : ascent
Julia Holter : ekstasis
Tue-Loup : 9
Ruby Throat : O' doubt o stars
Gareth Dickson : quite a way away
Zelienople : the world is house on fire

Dordeduh : dar de duh
Getatchew Mekuria & The Ex : y'anbessaw tezeta
Barna Howard
Thomas Belhom : rocephine
Ty Segall & White Fence : hair
Francis Harris : leland
Killer Mike : R.A.P music
Avec Pas D'casque : astronomie
Mi And L'au : if beauty is a crime
Loscil : sketches from new brighton
Josephine Foster : blood rush
Bill Fay : life is people
Stagnant Pools : temporary room
The Evens : the odds
Mgla : with hearts toward none
Scott Walker : bisch bosch.


Rééditions :
Can : the lost tapes
Codeine : when I see the sun
Spain : the blue moods of
Motorpsycho : blissard
Bark Psychosis : hex

Bien évidemment, la liste est loin d'être exhaustive et peut être complétée n'importe quand, au fur et à mesure des découvertes.
Sur ce, bonne année et à l'an prochain.



lundi 3 décembre 2012

Loscil : sketches from new brighton



- Bonjour, je cherche un album doté d'une particularité peu commune voir particulière. Un disque excellent, doux, instrumental, électronique et pas chiant pour un sou. De plus, je le souhaiterais d'une discrétion remarquable. Vous avez ça en magasin ?
- Oui mon bon mossieur, j'ai ça en magasin. Un disque d'électro/ambient/dub sorti en septembre dernier sur un label pourtant remarqué et remarquable (kranky) et passé totalement inaperçu. Ça vous convient ?
- Ah ben pour sur. Puis-je savoir ce que c'est ?
- Le nouvel album de Loscil, sketches from new brighton.
- Lo-quoi ?
- Loscil, vous savez, le projet de Scott Morgan. Non ? Onze années de non-activisme chez Kranky, ça vous forge son homme hein. Huit disques à façonner le silence sous des nappes de synthé, avec des rythmes rachitiques voir inexistants, quelques glitchs obsédants, il n'y a rien de mieux pour se faire oublier. Pourtant, pas de bol pour lui, sa musique, abstraite au possible, est restée ancrée dans les oreilles de ceux qui se sont un tant soit peu intéressés à elle.
Il remet les couverts cette année avec un album dans la droite lignée des sept autres. Soit une musique abstraite, impalpable, faite de nappes phréatiques, de glitchs, de douce tension, presque sereine, semblable à du Borhen ( hasting specials ressemble à s'y méprendre à une version apaisée du black earth). L'ensemble évoque le meilleur des productions des allemands Pole ou Gas, soit un dub flirtant avec l'ambient et réciproquement.
- Ça fait pas un peu musique d'ascenseur votre truc là ?
- Cela pourrait mais non, il y a suffisamment de mouvements internes dans cette musique, de remous, de luttes intestines pourrions-nous dire,  pour éviter tout ennui justement. Scott Morgan sait doser parfaitement contemplatif et tension, mélodies et abstraction, jouer avec les oscillations pour tenir  l'auditeur dans un état de rêve éveillé voir de sidération  (fifth anchor span et sa sourde mélancolie qui vous prend à la gorge sans jamais rien lâcher). Pour reprendre votre expression, si ascenseur il y a, celui-ci ressemblera plus à un téléphérique à mi-parcours au dessus de l'océan, dont le câblage est en train de lâcher, qu'à un ascenseur du Ritz. Vous avez le droit de vous sentir protégé voir d'être comme dans un cocon mais il  existera toujours une tension qui vous empêchera de réellement vous apaiser. Tout l'intérêt de sketches from new brighton repose justement sur cette tension qui traverse le disque de part et d'autre, alternant morceaux contemplatifs voir sereins (second narrows et son dub relaxant)  et d'autres en apparence calmes.
L'album semble d'une platitude effarante et pourtant en y prêtant une oreille attentive, on se rend compte que, la plupart du temps, Scott Morgan innove. Son ambient, son dub, on a l'impression de les avoir entendu mille fois au travers de l'oeuvre de Gas mais étrangement, cette tension sourde, ce rappel au jazz, cette atmosphère de menace évoquent plus le doom de Borhen.
 Bref, vous vouliez un album fort discret, qui ne fasse pas de vagues ?? En voilà un donc. Et en sus, son créateur se permet même d'inventer un nouveau genre : l'ambient doom. Si c'est pas une particularité particulière, je veux bien bouffer ma collection complète de vinyles de Vilaine Fermière. Et rassurez-vous, il passera encore de nouveau et à jamais inaperçu et n'intéressera personne hormis des pélos comme vous. Cerise sur le gâteau, comme on dit : la pochette est aussi discrète que le contenu. C'est pas beau tout ça ??

mercredi 28 novembre 2012

Spain au 6par4

Le concert de l'année. Ni plus, ni moins.
Normal, c'est le seul que je suis allé voir cette année.
Que je vous explique tout de même : je suis allé dimanche, à Laval en Mayenne, voir Spain au 6par4. Non, ce n'est pas la capacité d'accueil des spectateurs de la salle mais bien les mesures de la scène accueillant les groupes.Bande de mécréants va.
Mais je m'égare.
Or donc : Spain.
J'arrive, accompagné de femmes, enfants, veaux, vaches, cochons, enfin en famille quoi, dans ce qui ressemble à l'antichambre d'une EPHAD tant la moyenne d'âge des spectateurs fait peur à voir. Avant que Josh Haden et sa bande n'envahissent la scène, je regarde autour de moi, voir si je suis le seul pré-quadra de la salle, puis me fais peur en me demandant si je ne me serais pas télétransporté à une séance d'enregistrement de questions pour un champion voir des chiffres et des lettres. Limite que je renfilais ma blouse d'infirmier pour la distribution des médocs. Mais hé, pas cons les gars du 6par4 : programmer un concert le seul jour où n'est pas diffusé questions pour un champion, et ce dans le même créneau horaire (entre 18 et 19 heures), relève du génie marketing pur et simple. Chapeau bas les gars.

Qu'à cela ne tienne, le concert commence. Josh arrive, cool, loin de l'image classe du blue moods, avec chemisette, jean, lunettes, gueule mal rasée et coiffure débraillée.Le gars empoigne sa basse, jette un oeil sur sa gauche à son guitariste, sur sa droite à son claviériste puis se retourne et attend le signal de son batteur. Le concert commence par un titre du dernier album. Le son est clair, massif pourtant il semble bien fatigué le Josh, le regard perdu dans ses chaussures ou les yeux clos, c'est au choix, chantant néanmoins divinement. Pour le moment il fait son job, de façon pro mais impersonnelle. Fin du premier morceau, applaudissement polis de la salle. Idem pour le second. Arrive ensuite ray of light et là le concert commence à décoller. Josh prend de l'assurance, se détend et c'est parti pour près d'une heure et demie de concert. Piochant dans tous les albums de Spain, le répertoire se répartit entre quelques morceaux pop de i believe (un ou deux, pas plus), she haunts my dreams pas mal de the soul of spain (normal me direz-vous c'est celui dont ils assurent la promo) et la quasi totalité du blue moods (ne manquera à l'appel que it's so true). La répartition se fait de façon homogène entre morceaux introspectifs et pop mélancolique (magnifique it all went wrong, frissons à la pelle, je vous le garantis). Plus Josh et sa bande déroulent leurs titres, plus il se détendent et meilleure devient la réception du public, la qualité du concert allant crescendo donc. Néanmoins, celui-ci aurait pu être fabuleux si Josh n'avait pas confié la lead guitare à Jean-Michel Apeuprès. Parce que le gars à sa gauche.....comment dire....n'avait ni le toucher, ni la fluidité de Ken Boudakian, guitariste du premier album. Le pauvre hère s'en sortait très bien sur les morceaux rapides, pop, des derniers albums mais alors quand il s'agissait de jouer ceux du blue moods et notamment les soli, c'en devenait catastrophique : fausses notes à répétition, gammes descendues à l'aveugle et soli approximatifs écourtés de façon éhontée. Mes oreilles ont failli  saigner plus qu'à leur tour. Heureusement pour lui les autres musiciens assuraient le sauvetage en vol et rattrapaient ses erreurs notamment le claviériste/guitariste rythmique qui parvenait à se recaler à chaque fin de solo sans que cela ne gêne vraiment de trop pour qui ne s'est pas enfilé quelque centaine de fois le blue moods.

A part ce bémol, récurrent certes, de véritables moments de magie. Le premier rappel, spiritual, d'une limpidité, d'une beauté confondantes. Le morceau à te faire prendre la soutane illico et passer le restant de tes jours à communiquer avec dieu via Josh Haden. Si le morceau passe un peu inaperçu  en fin d'album, en concert il prend une toute autre dimension : spiritual s'adresse curieusement d'abord à l'âme, puis au cerveau et enfin descend aux tripes via l'échine. Le son vous enveloppe, l'orgue vous happe,  vous êtes présent dans la salle mais en état de lévitation permanente. Les larmes finissent même par vous prendre par surprise. L'enchaînement avec untitled #1 permet de redescendre quelque peu mais à peine. La salle, qui attendait ce morceau depuis le début, est à l'unisson du groupe qui semble prendre véritablement plaisir à jouer. Pour preuve, Haden ouvre les yeux sur la salle et voit que nous ne sommes qu'une poignée de spectateurs (une centaine tout au plus) transis d'amour pour sa musique.
En regardant la set-list du concert, une fois le groupe barré de la scène, je vois que celui-ci (le concert; pas le groupe) devait s'achever avec world of blue. La réception du public fut telle sur ce morceau que le groupe n'a pu s'empêcher de revenir jouer deux rappels. Avec cet aparté, j'en viens donc au moment fabuleux du concert : world of blue. Comment dire : si la musique de Spain sait se faire douce, pop, parfois nerveuse, pas grand chose ne pouvait laisser transparaître les quinze minutes apocalyptiques de ce morceau. Celui-ci commence comme sur le disque : basse omniprésente, lente, très lente, très très lente, une note toutes les trois ou quatre secondes, batterie feutrée dans un premier temps. Lentement mais sûrement le morceau monte, la tension devient de plus en plus palpable et là où sur disque le morceau devient quasi évanescent, en concert le chaos finit par l'emporter. Il est vrai que tout au long du morceau et au vu de ce que le groupe était capable de produire sur scène, vient se poser la question des limites qu'il pouvait se donner en matière de chaos. Réponse cinglante : aucune. Le batteur cogne sur ses fûts sans trop se soucier de ses partenaires, Haden et sa basse jouent au métronome et semblent ne plus faire qu'un et enfin les guitaristes ne répondent plus de rien. Au fur et à mesure qu'avancent les minutes, le morceau ne leur appartient plus ou plutôt revient de droit à un autre groupe capable de jouer à deux à l'heure sous tension extrême : Low. World of blue en concert c'est la mue d'un groupe sage, propre sur lui, en un groupe toujours propre sur lui mais nettement plus inquiétant car capable de véritables coups de sang, voir de massacres sous ses airs gentillets .Un truc à vous faire exploser les sonotones et  sauter les râteliers des rares personnes âgées encore vivantes au bout d'un quart d'heure de chaos. Un véritable bonheur avec décrochement de mâchoire, bras ballants et frissons vous secouant la paillasse. Une apothéose.
Après réflexion et évacuation des corps du 6par4, il apparaît tout à fait logique que le morceau suivant world of blue soit spiritual.  Mise à mort plus messe dans un même concert, Spain a pensé à tout.

dimanche 11 novembre 2012

la saloperie du dimanche

Entre le nouvel album de Pelt, le Jessica Pratt, le Brian Eno, le Ka, le Converge, tous d'une exigence incroyables, il faut savoir faire des pauses. La saloperie du dimanche en est une, à mes oreilles.
Ce jour donc une saloperie soufflée par ma femme, encore plus ravagée que je ne le craignais. Anaïs et Didier Barbelivien, en pleine bourre et méchamment en forme, racontant lors d'un clip méchamment inspiré par un David Hamilton en pleine bourre et inspiré leur rencontre pendant un mariage autre.
Jusque là, rien de plus normal me direz-vous. Sauf qu'en se rappelant de ce CO, l'être humain qui me servait de femme la veille s'est retrouvée en soins intensifs en neurologie pour pour rétine cramée, oreilles vrillées et  subite accélération de la dégénérescence neuronale avec dégâts irréversibles suite à une Barbeliviennite aigüe après avoir vu une seule fois le clip des mariés de vendée.
Vous avez vu ring d'Hideo Nakata  ??? La cassette c'est de la pisse de chat à côté de ce clip. Au moins l'avantage dans ring c'est qu'au bout d'une semaine tu crèves d'un coup. Là, tu dégénères et tu mets plus de temps à passer l'arme à gauche. Tu mets de côté tes exigences musicales, tu commences à aimer Yannick Noah, puis les enfoirés, puis Barbelivien. Et là ton entourage sait que tu es foutu.Parce que toi, tu ne sais plus rien, tu n'es plus à même de réfléchir. Toi t'es comme le con : tu ne te rends pas compte de ton état,c'est ton entourage qui souffre.
 Je vous le dis : une bien belle saloperie que ce titre.

dimanche 4 novembre 2012

la saloperie du dimanche

Les années 80 ont été pour ma pomme une équation parfois difficile à avaler. Contrairement aux maths où avec plusieurs inconnues vous deviez trouver une solution, la saloperie que je vais exhumer fonctionne dans le sens inverse. A savoir l'association de plusieurs "stars" pour arriver non pas à une solution mais un inconnu.
Ça vous paraît abscons comme concept ??
Alors laissez moi vous éclairer :
vous prenez deux voir trois stars des années 70/80, vous les associez et vous obtenez un parfait inconnu.
Exemple : vous additionnez Michel Polnareff, Demis Roussos et Mireille Matthieu auxquels vous associez le stop de Sam Brown et vous obtenez le morceau je chante pour qu'elle revienne de Guy Criaki.
Qui ça ??
vous avez tout compris.

samedi 3 novembre 2012

Jessica Pratt :

- Bonjour, j'aimerais une baffe dans ma face s'il vous plaît.
- Bien sur mon bon, j'ai ça en magasin si vous voulez.
- Certes mais je la voudrais pure, épurée, sans un pet de graisse.
- Ah ben ça tombe bien j'ai exactement ce qu'il vous faut. Un premier album qui devrait buzzer sa race dans les jours à venir. Un disque enregistré dans la cuisine, sur le magnétophone de grand-mère. Rappelez-vous, celui qui captait tous les sons surtout les plus incongrus, du pet du chat au miaulement du frigo, quand on appuyait de concert sur play et enregistrer. Mais je m'égare.
Donc vous vouliez du pur, du proche de l'os c'est bien ça ??? Pour ce faire j'ai le premier album de Jessica Pratt. Une voix, une guitare, aucun overdub ( le souffle se permet même d'être présent sur mountain'r lower, entre autre). La légende veut que Tim Presley des excellents White Fence soit tombé raide dingue de Jessica et lui ait créé un label, birth records, rien que pour sortir son album. Ce label sort donc, en vinyle exclusivement, le premier album éponyme de Jessica Pratt. Alors, légende créée pour faire le buzz ou véritable conte de fées ? on s'en fout, le résultat est là : meilleur album folk de l'année, haut la main. Certains vous parleront de Stevie Nicks (dont je ne connais pas ou peu la carrière hors Fleetwood Mac), d'autres de Sibylle Baier (là j'avoue qu'il y a pas mal de similitudes), je rajouterais pour ma part quelques touches de Karen Dalton ou encore, plus proche de nous, Mirel Wagner sans la part d'ombre. Vous me direz, des albums folk limite neurasthéniques on en trouve à la pelle. De Lonesome Sisters à Marissa Nadler, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Certes. Mais il se dégage de ce premier album une intemporalité confinant au remarquable. La faute probablement à la voix exceptionnelle de Jessica Pratt. Une voix jouant sur toutes les émotions, hors d'âge, enfantine par moment ( half twain the jesse), ayant fricoté avec le gratin folk écorché des années 60 (de Karen Dalton à Linda Perhacs), semblant revenue de tout la plupart du temps. Par moment une voix sure d'elle, s'affirmant malgré quelques trémolos ( midnight wheels), parfois d'une fragilité touchante (casper), sans fards, nue,qui s'offre sans rien demander d'autre que de l'écoute.
Sauf qu'elle n'a pas à demander l'écoute.
Dès qu'elle articule un son, une note, le silence s'impose de lui-même. Il émane de son chant une spiritualité peu commune, une intemporalité folle comme si Billie Holiday ainsi que d'autres écorchées vives s'étaient incarnées en elles tout au long des décennies passées pour parvenir à un résultat confondant de beauté. Car la pépite que vient de sortir Jessica aurait très bien pu voir le jour il y a une cinquantaine d'années, aux côtés de Bridget St John, d'une Vashti Bunyan, d'une Linda Perhacs ou plus près de nous d'une Gillian Welch voir d'une Beth Gibbons & Rustin' Man. C'est une pépite brute dont il s'agit, enregistrée au plus près de l'âme, sans artifices. Une voix, magnifique donc, et une musique d'un dépouillement rare. Pas de démonstration, aucune virtuosité technique, juste des arpèges placés au bon endroit, des notes sonnant juste, enregistrées, enfin captées, volées oserai-je dire quasi à l'insu de sa créatrice par un producteur qui a su faire la seule chose qu'il était sensé faire à ce moment là  : s'effacer.
Pour laisser non pas la noirceur mais la beauté irradier ce disque lumineux, intemporel, je le répète.

- Ouh la, mais le programme paraît fort alléchant, mon bon monsieur.
- Il est en effet rare de tomber sur de telles pépites. La première écoute vous subjugue, la seconde vous rend accro et enfin à la troisième vous avez l'impression d'avoir toujours vécu avec ce disque. Vous finissez même par  vous demander comment vous avez pu vivre sans jusque là.
Alors vous vouliez de la baffe dans votre face, là je viens de vous présenter ni plus ni moins un des uppercuts de l'année. Si vous aimez avoir mal, l'écoute de ce Jessica Pratt va être un véritable délice. Faites moi confiance.

lundi 29 octobre 2012

Message à caractère préventif

Il y a trente ans, ce jour, naquisait un @mi et, à quelques jours près, 17 pour être exact, sortait le second album de Bobb Trimble, harvest of dreams.
Aujourd'hui sera donc un jour de rattrapage pour cet @mi qui, shame on him, ne semble point connaître Bobb Trimble et son sublime iron curtain innocence. M'en vais lui rafraîchir la mémoire et le remettre dans le droit chemin illico avec mon indispensable note sortie sur mon précédent blog. La preuve ?

Imaginez : vous êtes producteur ou sur le point de signer un artiste. Vous êtes en 1980, les grands albums sortis à cette époque sont le closer de Joy Division, le premier album des Feelies, le remain in light des Talking heads, le seventeen seconds des Cure, le metamatic de John Foxx, le I just can't stop it de The Beat ou encore le colossal youth de Young Marble Giants.  Vous nagez en pleine new wave, l'époque est aux corbeaux, au premier degré, bref on rigole pas tous les jours. Là vous tombez sur un gars qui lui n' a rien compris à l'époque dans laquelle il est. Il vous propose un album de folk. Qui plus est de la folk psyché. Vous vous dîtes : il est fou, pas la peine de le signer, ce sont les bacs à soldes direct avec ce qu'il propose. Vous l'écoutez par politesse, lui dîtes que ce qu'il fait est très bien et le remerciez d'être venu. Une fois parti, vous mettez les bandes à la poubelle parce qu'il vous a fait écouter c'est certes pas mal du tout mais ça a quand même au moins une dizaine d'année de retard. ça n'aurait pas dépareillé avec des groupes comme Comus ou des tarés comme Syd Barrett mais là, ça va à l'encontre des règles du marché. Faut pas déconner quand même faut rentabiliser le produit , non ?
Bon ce que je viens de décrire ci-dessus serait très certainement arrivé à Bobb Trimble s'il s'était présenté avec son disque dans les années 90 -2000. Fort heureusement pour lui comme pour nous, c'est à la fin des années 70 qu'il a présenté ses bandes et qu'est sorti cet anachronisme qu'est Iron curtain innocence. Car il faut sacrément être fou pour sortir un album dont on sait pertinemment qu'il ira dans les bacs à soldes à sa sortie mais sera adulé par une poignée d'aficionados dont je fais parti. Pour faire court et comme je l'ai dit plus haut il s'agit d'un album de folk psyché barré sur sa première face et  de pop folk de très très haut vol sur la seconde, alignant morceaux d'une délicatesse d'orfèvre (killed by the hands of an unknown rockstar) et classique immédiat digne du meilleur Beatles ou Love ou ce que vous voulez d'autre (one mile from heaven).C'est simple, en écoutant la première face on se dit que Greg Weeks d'Espers ou Ben Chasny de Six Organs Of Admittance ont du puiser là une bonne partie de leur inspiration (et notamment avec when the raven calls). Et quand on écoute la seconde, là on se dit qu'il n'a pas du écouté que les Beatles le gars Elliott Smith, il a du s'écouter en boucle ce chef-d'oeuvre tant la voix rappelle ici celle de Smith. Il n'y a dans ce disque que 8 morceaux avec deux fois one mile from heaven (une version courte, l'autre longue) mais ici tout est essentiel, rien n'est superflu, chaque note a sa place, chaque intonation se justifie. Le seul reproche qu'on pourrait lui faire est au niveau du son, de la production : il sonne très années 70. Pas pour moi en tout cas. Mais là, je ne sais pas si la critique se justifie réellement : c'est justement ce qui fait qu'il paraît hors d'âge, intemporel. Et parlons aussi de la pochette qui  est hallucinante : Bobb Trimble, gueule d'ange entre Balavoine et Syd Barrett, avec sa guitare électrique sur les genoux et une mitraillette à la main a de quoi laisser dubitatif.

Alors ???? ben à la lecture de cette note absolument indispensable il apparaît clairement qu'en 2012, ne pas connaître Bobb Trimble est passible d'une condamnation lourde, très lourde.
Alors M. Vilosophe, au vu de vos différents antécédents, soit vous vous jetez sur le premier cd ou vinyle à votre portée et vous comblez votre retard, soit vous serez condamné à subir dans une chambre noire, sono à fond, l'intégrale de Patrick Duffy et Mireille Matthieu en boucle jusque ce que saignement des oreilles survienne.Vous voilà prévenu. Je ne me répéterai pas.

dimanche 28 octobre 2012

la saloperie du dimanche

La quintessence des eighties, ça ressemble à quoi ??
La quintessence des eighties c'est des paroles concernées, une musique savante qui sait piocher chez les pionniers de la pop, du rock, une imagerie avant-gardiste, des chorégraphies qui coulent de source, fluides et travaillées.
La quintessence des eighties c'est également une attitude, sur de soi mais nonchalant, le requin cool, la classe à la Aldo, la frange rebelle.
En fait, la quintessence des eighties c'est Hugues Hamilton et son totalement  fou d'elle. C'est un putain de morceau qui te reste vissé dans le crâne pour au moins 24 heures sans que tu puisses y faire quoi que ce soit. C'est une scie imparable et indécrottable, un truc qui a obtenu l'A.O.C années 80 avec sa suite logique, à savoir retour à l'anonymat le plus complet après cette décennie maudite. Hugues Hamilton incarne les années 80, Hugues Hamilton EST les années 80.
Chapeau bas l'artiste.

samedi 27 octobre 2012

Th' Faith Healers : lido

Samedi jour du saigneur et du psychopathe.Veille du jour du seigneur, l'autre.
Pour ce faire, va falloir monter dans la delorean et bloquer les compteurs en 1992. Plus précisément juin. Pourquoi ???
Parce que je bosse à une trentaine de bornes de mon habitation principale.
Et alors ??? je vois pas bien où est le rapport.
Simple, mon con : pendant une bonne trentaine de minutes je me retrouve seul avec mon moi, mon ça et surtout pas mon surmoi dans ma voiture, auto-radio à fond. Hors pour satisfaire mon ça, il me faut de la musique qui dépote grave. Et depuis quelques semaines, tourne en boucle dans la caisse le génialissime lido de Th' Faith Healers.
Pour les ignorants qui ne connaitraient point Th' faith Healers,  c'est trois bucherons anglais, une serial killeuse, deux albums sur le meilleur label anglais des années 90 ( à savoir too pure), deux compiles (L' et les peel sessions), quatre EP pour quatre d'existence et une empreinte indélébile dans le rock anglais des années 90 voir au-delà (de mon point de vue hein). Une discographie en dent de scie (pour résumer : imaginary friend : bof ; L' : carte de visite rêche et fort prometteuse mais en deçà des capacités du groupe) mais avec un everest qu'aucun groupe indie, à ma connaissance, n'est parvenu à dépasser depuis 1992, date de la sortie de lido. En quoi lido est un everest au juste ? Simple : lido a su élever la tension au rang d'art . Ça fait un peu juste comme argument me direz-vous. Probablement mais dès que this time vous heurte les tympans, vous savez que vous êtes foutus, que vous en prenez pour trois quart d'heure sans pouvoir vous en défaire, accro à l'adrénaline qu'il dégage. Mais pas une adré polissée, gentille, calibrée pour une jeunesse révoltée en chemise à carreaux et jeans troués, non, là c'est directement Leatherface, le gentil gars spécialisé dans le taillage de bavettes façon XXL, qui vous susurre ses douces contines au creux de l'oreille. Enfin susurrer n'est peut-être pas le terme adéquate, à moins que le papier de verre version tesson pilé soit d'une douceur incomparable à vos oreilles.
Vous l'aurez capté, l'une des singularités de Lido est d'être rêche, très rêche, sans aucune compromission, sans un pet d'humour, carburant à l'urgence. Pour ce faire le groupe a viré les guitares pour les troquer contre des tronçonneuses, dégagé les grilles d'accord pour ne laisser que le strict minimum de notes, n'a pas tenu à s'emmerder également  avec l'accordage des instruments préférant laisser ça aux premiers de la classe et surtout a passé des heures voir des jours à réviser son Can pour en saisir la substantifique moelle.Car lido est peut-être l'un des rares descendants valables du groupe Allemand. Cette intransigeance, ce jusqu'au boutisme, ce besoin constant d'expérimenter dans son coin, d'aller au bout de leurs idées rappelle le Can de la grande époque.
A une différence près : Can expérimentait dans un cadre (que le groupe envoyait la plupart du temps valser) pop (pour rappel , vitamin C, mushroom) . Ici, que nenni. Enfin presque. Si le cadre reste pop (morceaux entre trois et six minutes, mémorisables), lido est tout de même joué par une véritable bande de psychopathes. Le guitariste ne joue pas mais scie littéralement ses cordes, chaque coup porté par le batteur semble faire hurler de douleur ses fûts, le chant de Roxanne Stephen n'est pas de plus adaptés ( franchement, quand elle chante l'amour, je n'aimerais pas être le partenaire en question. Il suffit d'écouter love song pour comprendre que sa perception de l'amour est différente de tout un chacun), seul le bassiste semble apporter un équilibre somme toute précaire à  cette bande de malades mentaux. Et pour appuyer ma thèse sur la psychopathie de ce groupe, il suffit d'écouter les deux derniers morceaux (et les six précédents), deux extrêmes. Quand le groupe calme le jeu en sortant les guitares acoustiques (it's easy being you), essaie d'être un tant soit peu léger, il ne peut s'empêcher de saboter la chanson en utilisant une sorte de tronçonneuse électrique qui vient la défigurer en plein milieu. Mais le pire dans lido c'est quand le groupe revisite à sa façon madchester ou encore le come together de Primal Scream sur spin 1/2 : ça pue la sueur, le sang, c'est la fête au travers du regard d'un psychopathe que rien n'affecte hormis la vision du sang. On imagine sans difficultés ce morceau en bande son du american psycho de Brett Easton Ellis  ou en B.O des chiens de paille de Peckinpah. on imaginerait même tout l'album illustrant ce film.
 Pour apporter une note "raisonnable" à cet album de déviants, je dirais que le seul morceau sensé dans ce grand disque, c'est la reprise absolument formidable du mother sky de Can. Le groupe a su en capter l'essence tout en gardant la tension inhérente à l'album. Bref, mother sky s'imbrique dans lido sans qu'on ne perçoive de différence au niveau des compositions.Preuve de la haute tenue de lido.

Alors au vu de la description que je viens d'en faire,vous me direz qu'il faut être un brin pervers pour s'envoyer ça à fond dans la caisse pendant une bonne demi-heure. Je vous rétorquerai que non, bien au contraire. Lido est tellement tendu qu'il sert littéralement de catharsis avant d'aller au boulot. La tension est si vive qu'on se dit que rien ne pourra être pire dans les huit heures qui suivront.Du coup, c'est la zen attitude en arrivant.
 Parce que, contrairement à d'autres,  j'ai aussi oublié d'être con.

mercredi 24 octobre 2012

Andy Stott : luxury problems

Eh les amis, Andy Stott sort un nouvel album ces prochains jours.
Ouaiiiiiiiiiiissssssssssss, super. Il en a de la chance ce garçon.
Et il fait quoi cet Andy Stott ??? de la polka javanaise sous acides ? de la bourrée auvergnate 2.0 ??
Mr Stott a gagné ses lettres de noblesse dans la minimal techno/dub façon Maurizio en sortant en 2006 un album honnête mais pas grandiose (merciless) et surtout une série d'EP assez remarquables dont deux l'an dernier qui lui ont valu la reconnaissance de nombre de webzines branchés : passed me by et we stay together.
Présentation faite, passons aux choses sérieuses : luxury problems.
Tous ceux qui appréciaient son boulot dans la veine Dub/techno voir ambient vont pouvoir passer leur chemin, le gars Stott s'est donné comme objectif d'attaquer les dance-floors avec nombre de chansons putassières à faire passer David Guetta pour Arvö Part. Pour ce faire, rien de plus simple : laisser tomber les instrumentaux torturés sur dix minutes avec silences de rigueur, employer une chanteuse, de préférence soul à gorge chaude et balancer un rythme binaire compréhensible par le moindre auditeur écervelé, donc moi .
 Programme fort alléchant ma foi.
Sauf qu'à l'arrivée luxury problems ressemble plus à une sorte de Moodyman en pleine phase parano qu''à la énième compile techno/mesbollocksonzetable sortie cette année. Ne vous fiez en aucun aux deux premières minutes de numb, évanescentes en diable, limite dream-pop,mais plus à la suite, techno à un demi beat par minute en vitesse de pointe, lourde, plombée. Si Andy Stott a abandonné, enterré une bonne fois pour toutes le dub/minimal techno avec ses différents EPs, là il signe les papiers de décès du dubstep en général, de Burial en particulier, et enfonce le quatrième clou du cercueil avec une morgue faisant plaisir à entendre. Il fait ainsi table rase des courants électros des vingt dernières années ( la drum'n'bass avec un up the box bradycardisé à mort, à deux doigts du coma, le dubstep, comme je viens de l'écrire, est à l'agonie, le dub est de l'histoire ancienne) mais se veut également le fossoyeur de la techno qui a contribué à sa renommée.  Car franchement, la sienne fait pitié à écouter : le pouls est à peine audible, les beats minimales, l'atmosphère y est glaciale, anxiogène au possible (à croire qu'il a enregistré luxury problems en direct du cercueil mobile qui lui sert de studio pendant que les invités lui envoyaient les dernières pelletés de terre à travers la gueule.).  Il y a parfois quelques tentatives de ranimer le cadavre en devenir (sleepless, up the box en mode défibrillateur en fin de course) mais celles-ci se soldent par d'heureux échecs Heureux car c'est justement cette morgue,ce pré-silence qui fait tout l'attrait de cette post-techno.
Vous me direz :  ça fait des semaines que tu en glandes pas une et tu nous reviens pour nous pondre des concepts à la noix. De la post-techno ?? et pourquoi pas de l'ante-java, de la prétektonik ou encore du perijungle ?? Hein ??? C'est quoi ce concept de merde ???. Ca paraît merdique mais c'est pourtant le seul terme qui me vient à l'esprit quand j'écoute luxury problems. L'impression d'écouter un album sous perfusion, de la techno qui ne veut plus en être, où tout semble désincarné, où seul le silence a voix au chapitre.
Ouhhh mais quelle habile transition ma foi pour parler de celle d'Alison Skidmore, élément nouveau chez Stott, qui apporte une touche d'humanité à ce disque en phase terminale. Et encore. L'humanité semble elle aussi en fin de vie quand Alison lui prodigue les derniers sacrements (lost & found) ou mal barrée quand elle s'égare chez le Lynch de Twin Peaks (leaving, doux écho du falling).
Bref, d'un point de vue moral, autant le dire tout net : il n'y a rien à sauver chez luxury problems. Quand tu penses avoir atteint le fond de l'abime en écoutant un morceau, celui d'après te rappelle que la terre est toujours suffisamment meuble pour que ta pelle continue à creuser indéfiniment. En revanche, musicalement parlant, comme vous l'avez compris précédemment, le programme est d'une richesse assez dingue : minimal et profond, répétitif sans jamais lasser, luxury problems saura accompagner votre dépression au plus profond de la mélancolie.
Au cas où vous ne l'auriez point compris : chaudement recommandé par mézigue.



dimanche 30 septembre 2012

La saloperie du dimanche

La saloperie est de nouveau parmi nous et je ne sais quel adjectif choisir pour décrire ce qui suit.
Sublime ??? divin ??? transcendantal ??
Pour tout dire les mots me manquent.
Alors, dans ce cas, il ne reste plus qu'une chose à faire : laissons la musique parler d'elle-même.
Allez, danse Zaza, danse et enchante nous encore pour des semaines à venir.


mardi 25 septembre 2012

777 cosmosophy


"le meilleur album de l'année voir des siècles à venir" NMI.
"Une fenêtre ouverte sur le monde, comme un éclairage de nos tares les plus viles, les bassesses les plus inexpugnables" J-D Buffallo, Les Indéféquables.
"hein ?" Beethoven, musicien monomaniaque malentendant.
"la première fois j'ai eu peur d'avoir mal mais après ça a été mieux" Cindy rédactrice en chef d'étrons et laiderons
"Arrêtez avec vos tops, ça c'est le PUTAIN D'ALBUM DE L’ANNÉE." D.Y, dictateur chez Vilosophe.

Voici les quelques réactions/témoignages que j'ai pu obtenir sur le dernier volet de la trilogie 777 de Blut Aus Nord. Je me suis évidemment limité à cinq réactions parmi les millions recueillies un peu partout sur le net ou les magazines en kiosque ce jour.
Tout ça pour dire ceci : la sortie ce jour de cosmosophy fait figure d'événement mondial, occultant par là même le scandale des caricatures ou encore la sortie hexagonale du dernier Tryo.
Que voulez-vous, c'est tout à fait compréhensible. Depuis la sortie de sect(s) l'an dernier, le culte voué à Blut Aus Nord a tendance à dépasser la sphère des adorateurs du black métal pour entrer dans l'inconscient collectif de la ménagère qui n'en demandait pas tant. Tel un virus, l'infection se propage, faisant à chaque nouvelle écoute un nombre de victimes substantiel. Sect(s) en premier lieu puis the desantcification, l'esprit si particulier de BaN s'est peu à peu ouvert au monde sans pour autant se compromettre. Pas un mince exploit me direz-vous.
Faisons fi de cette brillante introduction et passons aux choses sérieuses. Je vois poindre dans vos yeux esbaudis l'inéluctable question : qu'en est-il de cosmosophy ? Chef-d'oeuvre ou album de la décennie ? Tuerie ou merveille ??
Comme je suis un être affable, une crème dans son style, je vous répondrai presque par l'affirmative aux quatre questions posées.
Presque hein, n'exagérons rien.
En premier lieu il convient de faire remarquer qu'à la première écoute, cosmosophy déstabilise. Vous me direz fort justement que c'est un peu le principe qui régit toute la discographie de Blut Aus Nord. Certes. Mais quand même. Déjà, commencer un album par un morceau de clôture, ça le fait moyen. Ensuite commencer un album par la relecture d'un morceau précédent, genre copier/coller, ça le fait encore moins moyen. Et enfin, enfin, quand au bout de deux minutes et demi d'intro arrive la voix, claire, là je dois avouer que ça ne l'a pas fait. Mais alors pas du tout. Franchement, après une dizaine d'albums (douze pour être exact) dans lesquels la voix n'était qu'une longue éructation gutturale inintelligible, se retrouver face à une voix "normale", je dois avouer avoir eu un des plus gros chocs de mon existence satanique. Je me suis retrouvé face à une interrogation quasi existentielle : dois-je continuer l'écoute de cosmosophy ? Imaginez-vous tout de même la crucialité de  l'interrogation  : DOIS-JE CONTINUER L'ECOUTE DE COSMOSOPHY ??? Le genre d'interrogation qui ne m'a jamais, au grand jamais, traversé le peu d'esprit qu'il me reste quand je pose sur la platine un disque de Blut Aus Nord. Une véritable révolution.
La question m'a, par ailleurs, re-traversé l'esprit lors de l'introduction de l'epitome XV dans lequel Vindsval déclame, sur un ton solennel, péremptoire même, sur fond d' indus rachitique, un texte à forte obédience sataniste. Pitié.
Deux fois lors de la première écoute  ?? mais alors... c'est de la merde !!!!
Ah mais non, ne me faites pas dire ce que vous désirez entendre. Je n'ai pas parlé d'étron au début de cette note mais de tuerie, j'ai également ajouté que la première écoute déstabilisait.Ajouté à cela une tendance au progressif et à l'ambient (déjà présents sur les deux premiers volets) et vous comprendrez aisément que le fan de base comme moi puisse y perdre son latin sataniste.
Les réserves faites, passons à autre chose. Une fois la première écoute passée, cosmosophy se révèle être passionnant. D'un point de vue musical il s'agit là de l'album le plus riche du groupe, du moins le plus varié. Dès l'epitome d'introduction (le XIVème) Vindsval reprend et termine les thèmes des précédents volets  pour ouvrir sa musique sur de nouveaux territoires qu'il n'avait fait qu'effleurer jusque là. Pourtant, à l'écoute de cosmosophy, ces nouveaux territoires sont loin de nous être inconnus.On reconnaît aisément quelques bribes de MoRt (la fin de l'epitome XV), énormément d'éléments des memoria vetusta  (l'epitome XVI), d'ultima thulée (les synthés du dernier epitome). En fait cosmosophy, vous l'aurez compris, est une synthèse presque idéale de la discographie de Blut Aus Nord. Il constitue une épitaphe quasi-parfaite de ce que fut BaN pendant près de vingt ans et confirme les changements entr'aperçus dans the desanctification : là un net penchant pour l'ambient, ici pour le progressif ou encore l'industriel. Mais à vrai dire ce n'est pas tant l'ouverture vers de nouveaux horizons qui interpelle dans cosmosophy, c'est plutôt le fait que le métal de BaN devienne de plus en plus "lisible", qu'il soit le parfait négatif de MoRt. On reconnaît la même démarche dans les deux cas, un jusqu'au-boutisme intransigeant, mais là où MoRt fonçait tête baissée dans le noir, le charbonneux jusqu'à y perdre la raison, cosmosophy fait entrer la lumière d'une façon inédite chez ce groupe. Elle éclaire d'une façon blafarde un univers jusque là d'une noirceur absolue, découvrant par la même occasion des richesses mélodiques insoupçonnées. Bien évidemment nous ne sommes pas chez les La's, l'univers reste celui de Blut Aus Nord, torturé, identifiable dès les premières secondes mais pour le coup le groupe finit par devenir quasi-audible à l'oreille du profane.
En fait comme l'explique Vindsval, cosmsophy marque la fin de Blut Aus Nord tel qu'on a pu le connaître vingt ans durant. Les éléments black metal qui parsemaient sect(s) et de façon de plus en plus sporadique the desanctification sont ici gommés au profit d'une entité progressive incluant un spectre musical bien plus large allant grosso modo de l'ambient à l'indus voir les deux sur le même morceau (epitome XVII) en passant par une sorte de rock mélodique teinté d'une certaine mélancolie (le début de l'epitome XVII). On retrouve parfois des montées de sève fort bienvenues (les deux dernières minutes de l'epitome XVI, impressionnantes) mais l'ensemble ne ressemble plus à l'idée qu'on peut se faire du black metal (déjà mise à mal lors des précédents opus du groupe). Seulement à du Blut Aus Nord. La mue opérée lors des deux derniers opus (à savoir un black metal froid, sombre -sect(s)- puis plus aéré, moins torturé) trouve son point d'orgue ici : après avoir été l'un des tortionnaires les plus innovants/radicaux du black metal (MoRt ou the work which transform...), Vindsval se révèle être un des sound/songdesigner les plus passionnants avec ce cosmosophy bien plus subtil qu'il n'y paraît au premier abord. La dissonance reste toujours sa marque de fabrique mais ce n'est plus l'atmosphère qui prime ici, ce sont  les mélodies. Elles s'ancrent dans le crâne, fourmillant de détails, chaque nouvelle écoute en révèle de nouveaux  passés inaperçus lors des précédentes et surtout, surtout, cosmosophy devient plus addictif et passionnant à chaque écoute. Une fois appréhendés, assimilés, les "défauts" présents lors de la première écoute s'effacent pour laisser place à une entité d'une grande cohérence, un tout indissociable répondant de façon brillante aux questions que Vindsval se pose tout au long de sa trilogie : comment changer sans perdre son identité et surtout,  que reste-t-il après le chaos ?
Cosmosophy y répond de façon limpide, simple et totalement inédite chez Blut Aus Nord  : en apprivoisant la lumière, en laissant entrer l'espoir.
Une véritable révolution.

dimanche 16 septembre 2012

La saloperie du dimanche

Oui je sais, ça fait des semaines, des mois voir quelques décennies que la saloperie n'a plus refait parlé d'elle. Quelques semaines aussi que je n'ai plus écrit de notes. Que voulez-vous, avec un agenda plus chargé encore que celui du hongrois excité au lendemain de son élection (en 2007 donc, une éternité ) m'approcher du PC familial m'était quasi impossible (putain de gosses tiens. Autant le dire sans ambages : le mec qui a inventé les congélateurs n'a pas chié dans un moule un gâteau, je vous le dis moi ).
 Enfin bon, fin des digressions et reprise des choses sérieuses parce que je suis pas là pour vous raconter ma vie. Je suis là pour vus éduquer, vous remettre des mélodies imparables dans votre crâne de piaf, vous faire recouvrer la mémoire par les moyens les plus ignobles, les plus atroces. Remise au goût du jour donc dans ce qui vous reste de cervelle, de sauce blanche comme disait le grand Boris. Vous me direz, c'est totalement raccord avec la scie présentée ce dimanche, à l'origine sensée nous faire aimer/avaler un yaourt d'une marque montagnarde (oh oui). Évidemment tout le monde se souvient de cette scie musicale mais peu se rappelleront de son interprète Sandy Stevens. Peu se souviennent de cette coupe de cheveux certifiée eighties (le balai à chiottes devait traîner das le coin), de ce look vestimentaire à déprimer une couvée de  corbeaux.
Grâce à moi, votre serviteur un brin pervers avouons le, vous allez pouvoir avoir cette scie dans le crâne toute la journée voir la semaine. Vous vous souviendrez avec émotion de cette montée de batterie sur le refrain, de ce terrible solo à la fin du second refrain à faire pâlir de jalousie tous les Eric Clapton du monde (vous me direz que ce n'est pas une référence) ou alors les Gary Moore (non plus) et vous finirez par me haïr pour vous avoir foutu ça dans le crâne.
Parce que je le vaux bien (et que cela m'amuse).


mercredi 8 août 2012

zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

encore deux semaines et je m'en reviens avec plein de nouveautés dans les esgourdes.
En attendant, j'en glande pas une et je suis en vacances (comment ça je l'étais déjà avec le nombre plus que limité de notes que je publie en ce moment ????)
Autrement, pour rester dans la thématique, clip magnifique proposé par une compatriote régionaliste de bon goût, assurément, lamissmarinadu53

mercredi 1 août 2012

Spiritualized : sweet heart, sweet light

Vous allez me dire :
"la myrrhe, t'abuses. Parler d'un album sorti il y a plus de trois mois dont tous les journaux spécialisés, les blogs, s'accordent à dire que c'est probablement un des trois plus grands disques de cette année, tu te foutrais pas un peu de la gueule du monde ? Et surtout, tu vas faire quoi ?  ton snob et démontrer par A+B et avec des arguments à la con que cet album est une grosse daube bien puante ne méritant même pas une ligne dans la rubrique merde écrasée ? C'est ça hein ?"
Autre chose : au cas où, par le plus grand des hasards, tu te rangeais derrière l'avis unanime des critiques/blogueurs/etc..., qu'apportera ta note par rapport au concert de louanges dont a bénéficié ce disque ? hein ?? alors, tu vas répondre ??
Putainnnnnnnnnn, vous n'y allez pas avec le dos de la main morte vous hein !!!!
Pour commencer je dirai que moi et Jason Pierce, ça n'a jamais été vraiment le grand amour. J'apprécie dans les grandes lignes ce qu'il fait avec Spiritualized mais pas de quoi me faire relever la nuit pour l'écouter en boucle, pas spécialement de signes d'addiction, rien. Pourtant, j'ai commencé à sentir un frémissement de dépendance lors du songs in A&E de 2008. Pas trop non plus hein, mais il y avait quelque chose.
Vous me direz : "et ladies and gentlemen...il pue du cul ?" certes non, mais s'il contient de véritables morceaux de bravoure, je n'accroche pas à tout, j'irais même jusqu'à dire que je le trouve inconstant.
Propos que je ne tiendrai pas face à sweet heart, sweet light sorti en avril dernier. Bien au contraire. Il m'a fallu trois mois pour l'assimiler complètement mais là je dois avouer que je ne décroche pas.
Bon, la première écoute ne m'avait pas convaincu plus que ça, pour tout dire j'ai failli me taper une indigestion : une couche de chantilly, une grosse dose de miel, du sirop bien gluant, bien épais, au litre, pour peu que vous soyez diabétique des conduits auditifs, c'est un coup à se retrouver aux urgences en moins de temps qu'il n'en faut.
Mais bon, le temps faisant son office je me suis retrouvé à l'écouter de plus en plus souvent, à en capter l'essence pour finir par en être littéralement retourné. Maintenant chaque fois que je l'écoute, j'en ai les tripes broyées, les glandes lacrymales fonctionnent plein tube, je suis presque obligé de m'auto-perfuser pour ne pas finir complètement déshydraté.
La raison de ce retournement de situation ? Peut-être parce que sweet heart, sweet light est tout simplement brillant. Pour d'innombrables raisons. Musicalement d'une richesse incroyable, Pierce parvient à couvrir un siècle de musique sur une heure sans être rébarbatif. Sweet heart, sweet light (dont la référence au Velvet Underground ne vous aura pas échappé) est en premier lieu un hommage, gargantuesque, à la musique américaine sous toute ses formes.Des origines (le gospel) jusqu'à maintenant (le rock), l'appétit de Pierce semble être insatiable. Tout particulièrement lorsqu'il aborde le psychédélisme. Là, force est de reconnaître qu'il connaît son sujet sur le bout de la cuillère. Que ce soit le néo-psychédélisme façon Mercury Rev (huh ? intro, ou life is a problem, tout droit sortis du deserter's song), la pop sous acides des Beach Boys ( hey jane ne serait-il pas son good vibrations personnel ?), la world ( get what you deserve et ses cordes orientales), la musique concrète   (headin' for the top now comme du Steve Reich qui forniquerait avec Kevin Shields sous le haut patronage de Glenn Branca), le free-jazz (I am what I am) ou encore vu au travers des yeux de Gainsbourg (little girl, véritable concentré de melody nelson sur trois minutes), sweet heart sweet light ressemble à une putain de réinterprétation des saintes écritures du psychédélisme par un Pierce en forme olympique. Le gars se permet en plus de manier les saveurs comme personne : le doux, le sucré, le salé, l'acide, l'aigre et ce au travers d'arrangements d'une rare pertinence ( exemple remarquable avec too late : ce pourrait être une guimauve sans intérêt à la walt disney des trente dernières années cependant  l'intelligence des arrangements, des cuivres,des claviers jusqu'aux cordes en fait une merveille d'émotion). En limitant l'instrumentation de son album à l'organique ( pas d'utilisation d'électronique ou d'ordinateur ici mon bon môssieur, que du fait-main, de la musique cousue aux petits oignons, faite avec amour et même que si tu écoutes bien tu trouveras une scie musicale)  Pierce se sort les doigts du cul et pond un album à l'ancienne comme on n'en avait pas entendu depuis des années. Le regard dans le rétro certes, nostalgique probablement  mais d'une dignité forçant le respect.
 Dignité est aussi le mot qui me vient quant au fond de l'album. Si la forme est magnifique, le fond, en revanche, est d'une beauté absolument renversante. Rarement il m'a été donné d'approcher de si près l'affect d'un chanteur. Sweet heart sweet light est une véritable mise à nue de l'âme de Pierce. Hommage à sa mère disparue, aux excès qui l'ont renforcé en le tuant à petit feu, sweet heart est un disque de rémission, de capitulation face à la mort, un disque de vie éclatant, une catharsis d'une putain de dignité. Pierce est revenu de tout, l'explique de façon émouvante, absurde (life is a problem), l'égo  toujours aussi surdimensionné ( I am what I am) mais avec un recul bienvenu. Son so long you pretty baby final sonne comme une réponse au rock'n roll saved my life de Lou Reed (d'ailleurs le morceau ressemble étrangement au sad song du berlin soit dit en passant) et une véritable déclaration d'amour à la musique.
Quand je prends en compte tous ces éléments, paroles et musiques comme auraient dit Lambert et Anconina, je me dis queSweet heart sweet light ressemble au disque d'une vie, le genre que Pierce  ne pourra faire qu'une fois. Un disque somme car sans barrières, réfléchi et totalement inconscient, un hommage vrai au psychédélisme. D'ailleurs quand l'écoute de sweet heart... se termine, la pochette du disque finit par prendre tout son sens : uh ? est la réaction estomaquée qu'on a quand résonnent les dernières notes de so long you pretty baby, c'est l'uppercut qu'on vient de prendre au bout d'une heure d'écoute.
Dans le sens grec du terme, psychédélisme signifie le révélateur de l'âme. Sweet heart sweet ligt n'est ni plus ni moins que ça : la plongée dans l'âme de Jason Pierce. Une bien belle âme ma foi.


jeudi 26 juillet 2012

Saskia : dreamer

PPfffffiouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu fait chaud hein ???!!
besoin d'un rafraîchissement ? J'ai en stock, rien que pour vous, un bon folk glaçant comme on en fait plus depuis Nico.
 Enfin, Nico c'est tout de même un peu exagéré mais pas depuis Cat Power et son excellent you are free (bientôt 10 ans tout de même). Le rafraîchissement en question se nomme Saskia et outre la voix, l'univers, elle a en commun avec Chan Marshall d'être produite par Jim White de Dirty Three. La jeune femme vient de Melbourne, Australie et pratique un folk/slowcore à deux de tension les jours de grandes frayeurs.
Ok, on a déjà écouté ça des milliers de fois mais là on joue dans la catégorie des élites. Les Hope Sandoval, Chan Marshall, Cinthya Dall entre autres... Une voix, une guitare, un brin de talent et hop la magie opère de nouveau même s'il n'y a rien de bien neuf là dedans.
En revanche quand elle vire la guitare pour le piano, on entre dans une autre catégorie. Le folk devient expérimental, l'atmosphère étrange. Lynch et son cortège de bizarreries s'invite à la table et y fout un boxon inattendu, let your dreams aurait très bien pu servir de chanson dans le cabaret silencio de Mullholand Drive au moment où tout bascule. Pas étonnant également qu'elle compte dans ses fans Tim Burton tant l'atmosphère gothique se dégageant de certains morceaux pourraient de même être inclus dans ses B.O.
Dreamer, album évoqué ci-dessus, est sorti en décembre 2010. Vous pourrez le télécharger gratuitement sur son bandcamp en excellente qualité (320 kbps) ainsi que toute sa discographie. Autre bonne nouvelle, elle prépare son véritable premier album qui devait sortir avant la fin de l'année.


vendredi 20 juillet 2012

Stagnant Pools : temporary room

Faisons fi de toute aversion, de la rancoeur accumulée ces derniers temps avec ces chroniques malséantes au travers desquelles j'étalais mon mauvais karma auprès de lecteurs assidus ahuris, étonnés par tant de négativisme. Je me dois de cesser cela incessamment sous peine céder aux sirènes de la haine ordinaire.
Alors oui, aujourd'hui je vais aimer, aimer très fort ce qui va suivre. Car il faut savoir parfois n'être que paix intérieure, amour et condescendance. Ou comme le dit si bien le grand philosophe fiscal Patagonien : il faut savoir aimer.
Vous allez me dire : me suis-je envoyé la discographie complète de Pierpoljack ou encore Tryo pour sortir de telles conneries ? Pour verser dans un tel sentimentalisme primaire.Ai-je consommé les champignons de l'amour pour raisonner ainsi ?
Mais que nenni. Je les incague moi ces mous du bulbes. Aujourd'hui, ça va chier la bite !!! Aujourd'hui est un jour où je vais parler de rock sale. Pas celui aseptisé de Jack White. Non, un truc vraiment dégueulasse,crade, fait avec deux accords et une putain d'énergie, un truc à vous faire lever l'ithyphalle las du Sieur Manoeuvre. Un exploit.
Souvenez-vous, dans les années 80 quand les frangins Reid réveillaient le rock moribond depuis quelques années, avec leur mur du son bien crade, leurs deux accords, leurs rythmes bi voir mono-naires et leur légendaire psychocandy. Ben cette année c'est aux frangins Enas ( Bryan et Douglass, 21 et 22 ans) et leur groupe Stagnant Pools de prendre le relais des frères Reid. Comme les frères Reid, ils ont :  le son (relativement dégueulasse), l'énergie, la simplicité, l'immédiateté, l'urgence. Un album doit faire maximum 3/4 d'heures, contenir plus de 10 morceaux et  ceux-ci ne doivent pas dépasser les 4 minutes sous peine de faire chier l'auditeur. Telles sont les saintes écritures édictées par les frères Reid et devant lesquelles les américains se prosternent nuit et jour et appliquent les préceptes avec une ferveur de disciple trépané.
 Nonobstant, à partir du stun, sixième morceau, s'opère un changement radical. Les frères Enas ont découvert une annexe des saintes écritures : le nouveau testament selon Saint Shields. Après réunions houleuses, tergiversations diverses et variées, brainstorming  intense, ils décident de l'appliquer en sus de l'ancien testament . Dès  ce moment........ rien ne change vraiment en fait. Les morceaux s'enchaînent sans temps mort, les changements d'accords se font toujours aussi rares, le batteur applique son Moe Tucker pour les manchots avec une application rare, le son devient de plus en plus dégueulasse (le pompon étant décroché par waveland, limite audible mais alors absolument jouissif) mais les mélodies, simples vu le peu d'accords utilisés,  vous restent vissées dans le crâne de façon irrémédiable.  Il y a dans temporary room une fougue, une sincérité désarmante qui fait plaisir à écouter  : les gars savent à peine maîtriser leurs instruments ( pas de solo, accords et arpèges simples) mais ils en sortent une tension, une urgence que je n'avais pas entendu depuis l'excellent get colors de HEALTH. Stagnant Pools n'inventent rien avec leur premier album (un mix de My Bloody Valentine, Killing Joke, Jesus & Mary Chain, quelques lignes mélodiques sorties du mistress électrique de Red House Painters -dead sailor-, un peu de Joy Division. Beaucoup les sortent ces temps-ci ces références.) mais ont déjà une identité qui leur est propre. Ce qui est, je dois l'avouer, énorme.

Un dernier point que je tenais à soulever : choisir comme pseudonyme un des plus beaux morceaux de Felt finit par ne laisser aucun doute quant à la qualité de l'album en question et à la classe du groupe.

écoute et achat  ici

mardi 17 juillet 2012

l'hémorragie auriculare du jour

L'hologramme est le produit de l'holographie. Il s'agit historiquement d'un procédé de photographie en relief. Aujourd'hui, un hologramme représente une image en trois dimensions apparaissant comme « suspendue en l'air ». Le mot hologramme provient du grec holos « en entier » et graphein « écrire».

Si en photographie le procédé semble révolutionnaire, musicalement parlant, en revanche, sa principale caractéristique est de ne pas l'être. Mais alors à un point qui frise le génie. Ou pas. C'est à peu de choses près ce que je me suis dit en écoutant le premier album d'Holograms.
Autant le dire tout net : l'écouter tient de la purge si ce n'est de la torture. Enfin, n'exagérons rien. Torture serait un chouïa excessif.
Holograms est pour tout vous dire un groupe suédois composé de quatre garçons dans la neige, la mèche au vent, le costard de rigueur,  suédant (du verbe suéder, cf be kind rewind de Gondry dans lequel des tarés de cinéma s'amusaient à refaire avec les moyens du bord les grands succès internationaux) Interpol jusqu'à la trogne. Sachant déjà qu'Interpol suédait à mort Joy Division et consorts avec, il faut tout de même l'avouer, un talent certain sur leurs deux premiers albums, imaginez un peu ce que peut donner le suédage de suédage. Alors à quoi cela peut-il ressembler me direz-vous ? à rien serais-je tenté de vous dire si j'étais méchant. Mais comme je suis d'une rare objectivité concernant cet album je dirais, avec une impartialité qui ne peut que m'honorer, que cela ressemble à du Bloc Party reprenant Franz Ferdinand se foutant de la gueule d'Interpol qui reprendrait comme une grossière contrefaçon Killing Joke singeant Joy Division le tout joué par un batteur qui aurait appris par coeur les plans batterie Lol Thorustien du pornography des Cure et chanté par un clone sans inspiration de Robert Smith. Ouf...
Certains diront que cet album suinte l'urgence, carbure à l'adrénaline...faudrait tout de même vérifier la date de péremption de l'adrénaline en question parce qu'objectivement, as usual, cet album ne risque pas de réanimer qui que ce soit tant cette musique est d'une platitude tout bonnement effrayante.
Vous me direz qu'actuellement  le rock, c'est comme la chimie : rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Sauf qu'Holograms réussit l'exploit de ne rien créer, ne rien transformer et de perdre le post punk en route en le vidant de toute urgence à force de mimétisme. Je vous vois venir : mais la myrrh, pourquoi tant de haine ? Les compos sont tout de même efficaces (monolith, c'est pas de la merde tout de même non ??quand tu l'écoutes, ça te donne envie de ressortir tes habits gothiques, ton manteau chauve-souris, de mover ta tête de gauche à droite puis de droite àgauche et nettoyer le plafond avec tes cheveux corbeaux en pétard), ça ne révolutionne rien mais ça reste plutôt pas mal branlé non ? Ben ouais c'est possible mais les câbles sont si grossiers que de la pitié que ça inspire d'abord finit par se transformer en colère.Colère parce qu'on nous prend pour des cons, parce qu'Holograms ressemble à un boys band indie de plus, colère d'autant plus justifiée qu'Holograms sera très probablement la prochaine hype inutile qu'on aura portée aux nues dans deux mois et oubliée dans trois.
En même temps, si j'étais moins con, je n'y participerais pas en évitant d'en parler,en ne tombant pas dans le panneau comme un vulgaire idiot que je suis.
 Mais ça, ce serait si j'étais moins con.

samedi 14 juillet 2012

Thomas Belhom : rocephine

Rocéphine : ANTIBIOTIQUE ANTIBACTERIEN de la famille des bêta-lactamines du groupe des céphalosporines de 3ème génération. Utilisée en première intention contre les infections méningées, la maladie de Lyme, les pneumopathies, la bronchite chronique infectieuse, pyelonéphrite, infections urinaires basses, purpura fulminans.
Rocéphine : puissant antibiotique utilisé pour purger les portugaises encombrées par des otites à répétition (otites récentes -2012- dites  Dominiquaniose ou celles, plus virulentes, de 2011 : l'otite Miossecose ordinarite, redoutable.) avec atteinte grave du nerf auditif. Délivrée par le Professeur Thomas Belhom, cette rocéphine se distille dans vos conduits auditifs tel un poison à diffusion lente et a des propriétés dépuratives remarquables. La prescription de 45 minutes permet de en effet de purger toutes les vessies franco-françaises qu'E.D.F a tenté de nous faire ingurgiter ces derniers temps (Izia, Zaz, Mademoiselle Nineteen, Coeur de Pirate et bien d'autres encore).  Pour plus d'efficacité le professeur Belhom s'est permis de proscrire justement toute électricité, de ne conserver que la substantifique moelle acoustique de sa musique. Pour parvenir à un résultat d'une efficacité aussi confondante, il s'est allié au Dr Staples, clinicien de génie chez Tindersticks, le temps d'un morceau (il faudrait d'ailleurs qu'on m'explique pourquoi le Staples s'amuse depuis le dernier album des Tindersticks à utiliser la réverbération sur sa voix, c'est un poil agaçant) . Il a également expurgé toutes velléités rock ( go TV ! excepté, sur laquelle, dans les dix dernières secondes, il retrouve l'usage de la guitare électrique) pour soit tendre vers un psychédélisme d'une grande douceur (champignon agréable), soit vers une pop de chambre à forte influence jazz, soit vers une pop expérimentale vers laquelle tend Dominique A depuis quelques années sans véritablement y parvenir (temps allongé, l'avancée en moi plus proche d'un Jérome Minière cependant) ou encore une sorte d'art pop à la Talk Talk (yumi, ciel). Chaque composant de cette rocéphine est, il faut l'avouer, d'une redoutable efficacité pour les ouïes. Cependant le bougre ne se contente pas d'utiliser tout le spectre de la pop pour parvenir à ses fins, il se permet également de s'aventurer sur les chemins de traverse en galante compagnie (excursion) ou de verser dans l'expérimental sans pour autant qu'il y ait d'interactions fâcheuses au niveau moléculaire. Quant à l'enrobage, il est d'une grande délicatesse, voir d'une grande finesse, proche de l'os, subtil mélange du Mark Hollis (toujours dans les bons coups quand il s'agit de tutoyer l'excellence) et du remué de Dominique A.
Bien entendu, le mode d'emploi est livré dans différentes langues (français, anglais) afin de faciliter la compréhension de tout un chacun.
Décidément, quelques semaines après la parution des nouveaux Arlt ou Avec Pas D'Casque, le rocéphine de Thomas Belhom me fait dire que 2012 est définitivement une putain de grande année pour la chanson francophone. Et Ici D'ailleurs, label qui le distribue, un label exigeant et toujours intéressant dans ses choix.
album en écoute ici , en vente là  .

mardi 10 juillet 2012

Screaming Corpses : a different taste of consciousness

Vous le savez toutes et tous : ce crucial blog, the beauty of sadness, tient son fabuleux nom du merveilleux album de Maeror Tri, ancêtre des non moins indispensables Troum. Mais Troum n'a pas toujours été Troum. Le trio, en 1987, était en fait un quatuor ( ou un quintor, allez savoir) et se nommait Screaming Corpses. Comme le nom peut le laisser supposer, ils n'officiaient pas encore dans l'ambient ou le drone mais dans un post-punk expérimental complètement barré. Vous le savez : quand on est musicien, sans technique, le principal n'est pas d'apprendre à maîtriser ses instruments mais plutôt le flux énorme d'idées qui peut sortir de quatre cerveaux en ébullition. Sur a different state of consciousness, premier et seul album de Screaming Corpses, c'est exactement ce face à quoi on se retrouve. Quatre gars qui ne savent pas encore dans quelle direction ils souhaitent faire aller leur musique mais en ont tout de même une petite idée : du moment que ce n'est pas accessible, n'importe quoi fera amplement l'affaire. En l'occurrence un zeste de drone, beaucoup de noise, quelques cris, pas mal de guitares désaccordées et sursaturées, un batteur ne sachant battre véritablement que les oeufs et vous obtenez un album franchement hardcore, âpre, d'une rugosité ne présageant en rien la beauté des enregistrements futurs. Loin de l'ambient mais très proche dans l'esprit du land speed record d'Hüsker Dü, voir du it's spooky de Fair & Johnston.
Il est curieux de voir l'évolution d'un groupe à l'aune de leurs premiers enregistrements : écouter Screaming Corpses, c'est écouter les balbutiements hardcores d'un groupe encore trop imprégné par le rock. C'est écouter les balbutiements d'un groupe qui, au fil des albums, abandonnera complétement l'usage semi-traditionnel du couplet/refrain/pont/viaduc/dynamite/arts plastiques pour s'aventurer  dans des contrées que peu exploreront avec autant de brio. La seule constante que gardera le groupe sous ses autres patronymes est ce goût pour l'aventure qui le caractérise déjà dans cette cassette.
 La musique de Screaming Corpses se démarque par un jusqu'au boutisme en matière de rock qui les rapproche d'un Einstürzende Neubaten, alternant morceaux rock expérimentaux  avec de courts interludes limite ambient. Cependant, l'intelligence de Screaming Corpses sera de reconnaître que le rock n'est absolument pas fait pour lui, bien trop restrictif pour ses ambitions. Ils ont tenté l'aventure sur 22 morceaux, comportant de véritables fulgurances, quelques ratages mais un ensemble malgré tout homogène et assez réussi. Le clou de l'album étant les douze minutes du malsain boundary to insanity  (à l'origine le morceau devait en faire trente), mélange d'ambient à la Maeror Tri, de mur du son pré-My Bloody Valentine, d'expérimentations sauvages  et de beuglements indistincts à la Mark E Smith  faisant du morceau une expérience assez paroxystique.
Et là je ne parle là que de a different state of consciousness, première cassette de Screaming Corpses. Une seconde est parue la même année, over my dead body !!! sur laquelle je n'ai malheureusement pu jeter une oreille car absolument introuvable sur le net.
En 1988, le tour du rock étant fait, le groupe va pouvoir se développer en virant deux membres, la batterie, changeant de nom et s'introduire à l'experimental pur via l'exploration des sons liés à l'usage maltraitant des guitares et à l'ambient dans le même contexte. En revanche, contrairement au rock, la publication de plus de quarante albums ne sera pas suffisant pour en faire vraiment le tour. Toujours est-il que a different state of consciousness reste à ce jour une curiosité bien plus intéressante que nombre de disques dits expérimentaux sortis ces derniers temps, la vision tronquée et barrée d'un groupe d'ambient voulant pratiquer le rock. Pas un chef-d'oeuvre mais une expérience très intéressante.

jeudi 5 juillet 2012

l'hémorragie auriculaire du jour

Aujourd'hui est un grand jour : the beauty... s'apprête à vivre un grand changement. Oui, vous avez bien lu : un changement.
Lequel ? me demanderez-vous.
Vais-je arrêter d'être con ? me mettre à écouter enfin de bons disques ??
Parce que je suis quelqu'un de bien, je tiens à vous rassurer prestement : c'est pas prêt d'arriver. D'autant plus que pour cette nouvelle note je vais cumuler les deux. A savoir écouter une daube et être con. Je peux le faire.Et même plutôt bien.Enfin je crois.
Bon. Revenons à nos moutons : c'est quoi ce changement ?
Ma main dans ton disque se l'est finalement mangée et il y a maintenant à sa place un vide à combler. Le co-créateur a plié les gaules, arrêté de vouloir écrire des conneries, s'est retranché dans son appart' et fait maintenant de la musique sous le pseudo de Despair. Qu'on peut écouter ici et notamment.
Pour combler ce vide, je propose, modestement, une nouvelle rubrique : l'hémorragie auriculaire du jour.
Elle consiste en quoi cette rubrique ? : de modestes conseils sur les disques à éviter. Ces artistes qui prennent leurs vessies pour des phares. Exemple ? Geoff Barrow. Le gars bien sympa, tête pensante de Portishead et hyperactif contrarié diagnostiqué récemment.
Pensez-vous : onze ans pour sortir une suite au second Portishead et là en six mois il te sort trois albums d'affile : le premier sous le pseudo de Quakers, album hip hop de 41 morceaux sorti avec un second cd de remix ( soit 82 morceaux en tout et pour tout), le second sous son propre blase en compagnie de Ben Salisbury pour un hommage à la musique progressive germanique des années 70 (drokk : music inspired by mega-city one, soit dix-neuf morceaux au compteur) et enfin celui qui nous intéresse (pas trop en fait) principalement :  >> de Beak.
Beak est donc un side-project experimental ayant pour concept la musique allemande des années 70. Vous vous dites : Geoff Barrow, batteur/créateur de sons de Portishead, qui se fout à la musique expérimentale allemande, ça devrait, selon toute logique, envoyer du lourd. C'est vrai quoi : suffit d'écouter 3 de Portishead pour comprendre que la musique allemande et notamment Can, Geoff Barrow il l'aime d'amour. Elle dégouline, transpire, suinte par tous les pores de ce grand album.
C'est donc un minimum confiant que j'entame l'écoute du second Beak. N'ayant pas jeté une oreille au premier.
J'appuie sur play, the Gaol démarre et là............rien ou pas grand chose. Je perçois un vague son de synthé vintage avec lequel un môme de quatre ans semble s'amuser en triturant les boutons (celui de la vitesse notamment), une batterie qui en serait à la première ligne de premier chapitre du Jaki Liebezeit illustré pour  manchots et cul-de jattes mononeuronés en institution pour personnes âgées dépendantes (et encore, je suis gentil), et surtout me vient une irrépressible incompréhension face à cet instrumental : le Geoff il se fout de notre gueule ou c'est moi qui suis complétement hermétique à ce genre d'expérimentations ?  Bref : dès les trente premières secondes je me dis que le second Beak, ça va être du grand art.
Impression confirmée par le morceau suivant ainsi que tous les autres.
Et encore, cette introduction est loin d'être aussi catastrophique que le reste de l'album. Parce que le Geoff (et le reste de son crew) en veulent clairement à nos conduits auditifs. C'est pas possible autrement quand j'écoute spinning top, troisième morceau de son état. Je me dis que  Barrows s'est enfilé les pires copier/coller de Can pour la musique, toutes les expérimentations casse-couilles de Richard Youngs pour le chant, a mixé tout ça en  mode mono-neuronal sous herbes médicinales qui ralentissent le mode de pensée et a fini par nous le recracher d'un jet, sans vraiment se rendre compte de la bouillasse qu'il nous présentait là. Cette présentation peut sembler un tantinet violente mais l'écoute de second Beak ressemble tellement à un foutage de gueule, fait par un cancre de cinquième copiant sans vergogne sur son brillant voisin, que le port de gants en son encontre finit par ne plus devenir obligatoire. Pas une seule note ne sonne juste, originale, tout est repompé sur les grands chercheurs (et trouveurs) allemands des années 70. Ajouter à cela que le batteur (donc Barrow) doit avoir une tension avoisinant les 0.5, que la basse n'a aucune once d'originalité et vous comprendrez que leur hommage sente principalement la naphtaline et sonne ridicule. Pas loin dela définition de la purge musicale. C'est d'autant plus risible qu'est sorti ces derniers jours le merveilleux coffret the lost tapes de Can qui, en trente secondes, fait plus moderne, plus abouti que 47 minutes de Beak. Un comble quand on sait que ce sont surtout des morceaux perdus qui n'avaient pas pour vocation d'être retrouvés.
Alors Geoff, sois sympa : retourne avec Beth Gibbons et Adrian Utley et fais ce que tu sais le mieux faire jusque là : batteur chez Portishead. Ou encore le rapper avec Quakers mais abandonne l'idée de refaire une nouvelle crotte de Beak, pour le bien de nos conduites auditifs.
(eh oui : tout ça pour ce jeu de mot éculé).
Apparemment je ne trouve pas de vidéos sur toitube et en y réfléchissant bien, c'est pas plus mal.

lundi 2 juillet 2012

Avec Pas D'casque

Quelque part dans l'Ouest canadien :
-salut t'écoutes quoi, là ??
-Hein ??
-T'écoutes QUOI ??
-désolé, j't'entends pas, nom d'un caribou,  j'ai avec pas d'casque dans mon casque stéréo.
-Hein ?? quoi ??? l'a pin compris qu'est qu'tu dis !!! t'as un casque ou pas ? parce que là, présentement, j'te vois avec un casque stéréo qui a l'air de jouer de la musique fort dedans.
Bon je vais arrêter là ce dialogue de sourd et m'en vais introduire de façon un peu moins lamentable le très beau Astronomie sorti il y a près d'un mois  par le groupe canadien  Avec Pas D'casque.
Quoi ???!!!! des canadiens ??? et ils chantent en français ?? hostie de calice de tabarnacle !!!!
Oui mais......si vous pouviez commencer par mettre de côté vos remarques perfides voir  fourbes si ce n'est sournoises à propos de leur accent à couper à la machette façon Jason Voorhees perdu au beau milieu d'une fête estudiantine et prêter une oreille attentive à leur album, je vous en serais gré.
Parce qu'une fois qu'on a fini de se marrer avec leur accent, quand on écoute un tant soit peu la musique, on se dit qu'on tient là une sorte de Smog, voir de Barzin canadien (ah merde, il l'est déjà). Leur slowcore country-folk navigue dans les mêmes stratosphères que celles du canadien (magnifique chanson que ces deux colleys, si proche de l'excellence de my life in rooms) et leur façon de traiter la country nous renvoie directement au red apple falls (défrichage notamment ou encore l'intro d'intuition #1 en écho au morning paper ). Les références peuvent paraître écrasantes mais elles sont loin d'être imméritées. Astronomie (titre parfaitement adapté soit dit en passant) dévoile au fur et à mesure des écoutes une cohérence dans l'excellence qui force le respect. L'atmosphère y est feutrée, boisée, douce (m'est avis que la lap steel y est pour beaucoup), parfois traversée de tensions ( intuition # 1 ou talent) avec des arrangements par moment détonants (les cuivres de veiller le feu) et étonnants (le gimmick beach boysien de la longue et passionnante complainte apprivoiser les avions). Pour autant n'allez pas croire qu'Avec Pas D'casque soit un doppelgänger de Smog. Si le groupe semble avoir une culture indie lo-fi (américaine surtout) prégnante, il n'en est pas moins canadien jusqu'au bout des ongles. Pour le meilleur, la plupart du temps, et parfois pour le moins bon ( la journée qui s'en vient... a un arrière-goût de Louise Attaque acadien assez désagréable malgré une guitare acoustique traitée comme celle de Swell sur les trois premiers albums). Pour tout dire, puisqu'on en est aux reproches, astronomie perd de sa cohérence quand le groupe force le trait, hausse le ton ou se lance dans l'expérimentation vaine (astronomie). La souplesse, la nonchalance même, lui sied de façon remarquable et envoie Avec Pas D'casque loin, très loin, dans une stratosphère proche de celle du felt de Lilium, magnifique album sorti il y a deux ans.
Alors comme je l'ai dit plus haut, ne vous arrêtez pas à l'accent (qui, une fois apprivoisé, finit même par devenir indispensable au charme exercé par ce disque) et n'hésitez pas à plonger façon Corse (pieds lestés et poings liés) dans ce très beau astronomie que vous pourrez découvrir et acheter (c'était un communiqué du ministère de la culture canadienne).

mardi 26 juin 2012

Om : advaitic songs

J'ai une théorie sur les métalleux doomeux/droneux qui en vaut bien d'autres certes mais je pense que c'est une putain de théorie quasi irréfutable. Je vous la livre là, à brûle pourpoint, entre nous, limite que je vous fais une confidence.
Ma théorie, qui vaut ce qu'elle vaut, c'est que ces mecs se font tellement chier dans leur domaine, leur musique les emmerde à tel point qu'ils finissent par aller voir ailleurs. Et produire par la même occasion leurs meilleurs albums.
Vous pensez que je ne dis que des conneries ?? Mais non,du tout. Prenez Sunn O))) par exemple. Les mecs ont fait quelques albums de drone/doom purs et durs sur lesquels ils semaient quelques graines d'ambient (en gros jusqu'au white 2) , puis se sont acoquinés au malin sur un black one d'anthologie et enfin se sont dits que le tour du doom était fait et se sont barrés ailleurs voir si jazz et doom  pouvaient être compatibles. Bol monstrueux il s'est trouvé que oui. Les gars ont sorti avec monoliths & dimension leur meilleur album à ce jour. Belle histoire n'est-il pas ?
 Autre exemple :  Earth. Drone/doom somme toute classique. quelques albums creusant le même sillon jusqu'à plus soif puis, en 2005, la révélation. Et si on allait voir ailleurs ? et si le doom n'était pas qu'une histoire d'infrabasses, de batterie dépressive à 1 BPM et de grosses guitares jouant un seul accord sur cinquante minutes ? que se passerait-il si on aérait notre musique, si on allait lui faire faire un tour dans les grands espaces américains, qu'on l'adaptait  pour des westerns spaghettis actuels ? Résultats de leur intense réflexion ? Hex ; or printing in the infernal method et angels of darkness, demons of light., leurs plus belles réussites.
Vous voyez : je ne dis pas de conneries. J'irais presque jusqu'à dire que je suis la sagesse même, d'une profondeur réflexive tout bonnement incroyable.
Je vous sens perplexe, voir dubitatif.
Permettez moi d'étayer ma fulgurante théorie par un exemple actuel irréfutable.
Om, ça vous dit quelque chose non ? Deux gars qui ont commencé par un drone/doom plutôt extrême mais un brin casse-burnes (en gros leurs trois premiers albums, le pompon étant remporté par pilgrimage en 2007). Départ d'un des fondateurs en 2008 (le batteur) et là, paf, le niveau s'élève d'un coup. En 2009 sort le très bon god is good et cette année l'excellent advaitic songs. Qui, parce qu'il est excellent et appuie à fond ma sublimissime théorie, n'a plus grand chose à voir avec le doom. Disons que pour le drone il en reste encore quelques traces mais le doom, dans sa conception la plus commune (guitares/basse/batterie/éructations), est aux abonnés absents.Om a décidé, sur un coup de tête, sur une soudaine impulsion, ou parce qu'ils se sont mis au maroquin et pour s'approvisionner ont du vendre toutes leurs pédales d'effets ainsi que certaines guitares, de faire du doom quasiment sans six cordes.
Et alors ?
Bien leur en a pris. Advaitic songs est truffé de ragas, de tablas, d'instruments à vents mais conserve une atmosphère bien pesante, lourde, propre au meilleur doom.Concept-album sur la musique du moyen-orient, incluant des éléments progressifs, la première écoute enchante mais déroute l'auditeur adepte de doom bien gras.
Dès addis, le pauvre hère se retrouve dans un disque de world quasi traditionnel, avec tablas, chant féminin arabe et violoncelle. Seule la basse, dans un premier temps, puis la guitare nous rappellent  que nous sommes en 2012.
Autant le dire : ça commence ardu pour l'amateur de grosses guitares et de voix gutturales.
Mais bon, parce qu'ils sont dans le fond très gentils, et surtout pour ne pas larguer définitivement le pauvre gars qui a payé son disque pour avoir un bon gros son à la Middian, Om, sur les six minutes de state of no return, va lui faire plaisir tout en lui expliquant bien, via le titre, que le doom pour eux c'est définitivement terminé. Pour preuve, au bout de quatre minutes les gars abandonnent les guitares pour des arrangements classiques, proches de ceux de Labradford sur l'avant dernier morceau de mi media naranja (v). Manière tout à fait charmante de dire allez vous faire foutre, je ne fais ici que ce que j'aime, je n'ai rien à vous devoir. Gethsemane enfonce définitivement le clou et largue le pauvre auditeur complétement paumé en mariant le raga aux drones sur fond de musique progressive. Seul subsiste de leur style initial la voix. Et aussi la violence, sourde. D'une part de la basse, profonde et omniprésente mais surtout de la batterie sur laquelle le batteur cogne comme s'il voulait l'achever.
Après, c'est mise en route du pilotage automatique. L'auditeur est définitivement hors circuit, Om se ballade en plein désert égyptien. Il y fait une putain de chaleur, le danger semble être présent partout, l'atmosphère est oppressante, le tout renforcé par des drones bien flippants.
Advaitic songs se termine par une élévation spirituelle, la rencontre avec Allah, dans laquelle les gars du groupe semblent certains d'avoir trouvé la lumière, la révélation.  Dans le soufisme, le haqq al yaqin (titre du dernier morceau) est considéré comme un degré de connaissance mystique et unique. A l'écoute du dit morceau, hypnotique et prenant, à la fois moderne et spirituel plongeant même ses racines dans la musique médiévale, on ne peut que leur donner raison.
S'il y a bien une révélation présente dans ce disque justement c'est que le doom peut mener à la spiritualité (ici via la musique traditionnelle arabe, ou le jazz pour d'autres.)
 L'exploit de Om aura été d'ouvrir une musique, plutôt hermétique, avec ses codes strictes, aux autres cultures et d'en faire un disque d'une grande profondeur. Prouvant par la même occasion que c'est en s'ouvrant sur les grands espaces que le doom produira ses meilleurs albums. Comme Sunn O))) et Earth il y a quelques années.
Comme quoi, c'est quand on se fait chier qu'on produit les meilleurs disques de doom. Tout concorde à prouver que ma théorie est  d'une clairvoyance indiscutable.
Loué sois-je. En toute modestie.