dimanche 27 novembre 2011

Septic Mind

Hier j'ai passé ma journée avec Septic Mind.
Je sais bien que ça vous passe au-dessus du cigare mais depuis la première fois où j'ai appuyé sur play (samedi soir donc) jusqu'à ce jour, je n'ai rien écouté d'autre. Enfin si, une pause avec le nouvel album de Field Music. Pas plus. Parce qu'il a fallu que j'y retourne presque aussitôt. Question de survie. De compréhension également.

Ben ouais, je me demande encore, après six ou sept écoutes à la suite, quel cerveau malade a pu accoucher d'une telle monstruosité. Pas dans le sens où c'est affreux, inaudible, atroce. Mais j'en viens plutôt à me demander comment Septic Mind va réussir à gérer l'après the true call. Parce qu'en matière de funeral doom je pensais l'affaire pliée avec le dernier Esoteric, chef-d'oeuvre d'une puissance rare. Mais là, à côté de the true call, le Esoteric est aussi puissant que les dernières déflagrations de Didier Barbelivien.
Comme vous l'avez compris, Septic Mind est un groupe officiant dans le même registre qu'Esoteric ou Comatose Vigil (pour ne citer que deux des meilleurs albums sortis cette année). Ils ont en commun avec Comatose Vigil de venir du pays de la vodka glacée et du communisme et, comme Esoteric, un goût prononcé pour le psychédélisme. The true call, premier (et très long) morceau n'est qu'une application à la lettre de ce que donnerait le funeral doom s'il carburait aux psychotropes. Ils l'enveloppent littéralement, l'engourdissent de façon à ce qu'il puisse à peine bouger, épaississent en sus considérablement l'atmosphère.
Pour vous situer un peu la chose, imaginez l'intro de the kiss des Cure. Ralentissez le tempo, étirez là (l'intro) pendant près de quinze minutes, n'omettez surtout pas d'y ajouter quelques vocaux bien gras, saturés au milieu histoire de bien faire comprendre qu'on est avec un groupe pratiquant le métal. En revanche, le principe premier de the true call est de désarçonner l'auditeur au risque de le perdre. Les premières secondes sont là pour le malmener, au gré de guitares électriques claires et dissonantes, désaccordées si possible. Quand entre en jeu le duo basse/batterie l'intention du groupe devient à peine plus claire : on comprend qu'on est dans un disque à l'atmosphère lourde : le batteur cogne, au ralenti certes, comme un sourd et le bassiste joue fort, très fort même. Quelques choeurs bien glauques viennent également alourdir un peu plus le morceau mais il faut attendre la quinzième minute pour clairement comprendre que nous sommes dans un disque à obédience métallique. La rage explose, comme attendue, mais seulement d'un point de vue vocal. Là où on pouvait s'attendre à un mur de guitares couvrant les vocalises déchirées du hurleur,on se retrouve avec des guitares en retrait, presque en bruit de fond et un morceau qui change de direction tout en creusant son sillon encore plus profondément. Nous sommes clairement dans un disque de funeral doom, ça Septic Mind nous le fait bien comprendre. Le changement vient du jeu de guitare. Passant le relais de Smith des Cure aux frangins Gibbons de Bardo Pond voir même à Gilmour des Floyd. Pendant près de dix minutes the true call  nous fait entrevoir les abimes d'un cerveau drogué et flippé à grand renfort d'effets de réverbération sur les solos spacieux de guitares un tant soit peu torturées. Le morceau continue ainsi à l'infini, du moins le croit-on, puis s'achève de façon assez brutale.

Lorsque débute le second morceau, on se retrouve également paumés. Pendant trois minutes, c'est Ved Buens Ende qui s'invite à la table. La frappe est sèche, rapide,  les guitares tranchantes. Puis au bout de deux minutes la frappe ralentit, le morceau se met en place.  La guitare devient plus lourde, épaisse, moins bavarde. Le funeral reprend ses droits, son schéma classique. Voix sépulcrale, rythme anémique, batterie d'une lourdeur incommensurable. Toujours traité en revanche via le prisme du psychédélisme avec en arrière fond un mur de guitares ressemblant au bourdonnement d'une ruche prenant de plus en plus d'importance au fur et à mesure de la progression du morceau, le destructurant, l'éclatant en mille morceaux. La colonne vertébrale de doomed to sin reste la même quasiment tout le long du morceau, mais tout ce qui en faisait la chair s'éparpille, vole littéralement en éclat. Elle finit tout de même par lâcher voir s'effondrer, épuisée,  pour ne plus finir que par le mur de larsen formé par les guitares.

L'album se clôt sur un planet is sick doomesque en diable et fort peu funeral. Le pouls s'est en effet accéléré, les voix ont repris du poil de la bête, le mur de guitares est bien plus présent que sur les autres morceaux et les guitares claires égrènent leurs arpèges suivant une logique droguée. Planet is sick calme le jeu  au bout de neuf minutes de tarés puis repart plus malade que jamais formant un mur du son des plus impressionnants Envahissant la pièce, bourrée d'infrabasses,de guitares sous acides qui n'en finissent plus de monter au delà de cieux complétement cramés par l'abus de drogues, planet is sick finit par achever le plexus de l'auditeur qui n'en demandait peut-être pas tant.
Toujours est-il que je vais avoir un mal de chien à redescendre, à passer à autre chose. J'attendais saivo de Tenhi comme le messie pour cette année 2011 et le voilà détrôné par un album que je ne connaissais ni Dave ni des dents. Une claque monumentale en somme qui me rappelle celle que je m'étais prise il y a cinq ans avec le pillars de Fleshpress. C'est dire.

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