mardi 25 octobre 2011

nyx

Beach Boy avait déjà prévenu dans une de ses notes : le nouveau Mansfield.Tya vient de sortir.
Autant le dire : j'étais aussi  excité à l'idée d'écouter ce nyx que de m'enfiler un verre de viandox en guise de café au petit-déj'. Leur précédent effort malgré quelques morceaux remarquables  m'en touchait une sans faire bouger l'autre, déchiré que j'étais entre l'ennui, le ridicule et la beauté qui se dégageait de seules au bout de 23 secondes . Ne comprenant donc pas l'engouement de certains @mis pour ce groupe.C'est donc, fort logiquement, avec une certaine appréhension que je négociais l'écoute de Nyx, m'attendant à réprimer un bon paquet de bâillements tout du long.
Il faut au moins reconnaître une vertu à ce nyx, c'est d'être l'album le plus intrigant, déroutant même de cette année 2011 dans la catégorie chanson française. Déjà elles sortent un concept-album. Notion n'ayant plus court en 2011, qu'on aurait plus vu en cours dans les années 70. En gros le concept est le suivant : variations autour de nyx, déesse de la nuit liée au sommeil, au sarcasme, tromperie, discorde, vieillesse entre autre réjouissances. Les textes tournent donc autour de ces notions et donnent une tonalité très très sombre aux chansons. Comme tout concept-album, il faut une bonne part de prétention, une autre très bonne part d'expérimentations et une autre, plus grande encore, de talent pour faire de cet album un édifice cohérent. Le tout est de trouver le juste dosage. Vous vous en doutez, si j'en parle ici, c'est que le dosage est pas loin d'être parfait. Première évidence à l'écoute de nyx : par moment voir assez souvent, on dirait du Camille. Mauvais point me direz-vous ? Dans le cas présent non. Parce qu'être en groupe permet d'éviter le nombrilisme, les écueils dans lesquels tombe justement Camille (le côté regardez comme je maîtrise bien ma musique, que j'ai conscience de l'anormalité de celle-ci, je suis formidable non ?), tout en conservant les mêmes ambitions démesurées. An island in an island et au loin sont là pour témoigner qu'on peut faire du Camille et être excellent. Bon point donc.
Le cadre de l'album est très pop (une quinzaine de morceaux pour une petite trentaine de minutes) mais alors le contenant est essentiellement expérimental.Construit comme une pièce de théâtre avec une intro, deux parties et une conclusion ( lorgnant plus du côté de Lynch que de Feydeau ), nyx rappelle la grande époque de Saravah quand Higelin/Areski/Fontaine gravaient sur microsillons leurs délires musicaux. A la grande différence que leur délire ici n'est pas anarcho-surréaliste mais aurait tendance à être surréalistico-malsain (si tant est que ça veuille dire quelque chose). Lynch et son univers sont omniprésents (la notte, animal et ses vocaux malsains en introduction) celui de Claire Denis via trouble every day également et ce à travers la pop baroque et sombre des Tindersticks qui hantent toute la première partie. La seconde en revanche est beaucoup plus pop. Et française. Mais pas moins simple et bien plus barrée. Entre une relecture de Depeche Mode (cavaliers n'aurait pas dépareillé sur violator), une ambiance B.O sixties (logic coco), un hommage à Björk (des coups, des coeurs) et un titre que n'aurait pas renié Camille en plus barré, Mansfield Tya se permet, sur quatre morceaux dans un format de 2 mns chrono, de distendre la pop, la maltraiter pour mieux la sublimer (ok, j'envoie mon C.V aux inrocks, si jamais ils cherchent un remplaçant à Beauvallet, on sait jamais). Enfin vient Cerbère qui clôt nyx de façon quasi parfaite. Comme dans la mythologie, il empêche l'auditeur de s'échapper complétement de cet univers. Malsain au possible, stressant, il conclut l'album sur une note solennelle qui fait qu'on n'oublie pas de si tôt la demi-heure de folie qu'on vient de passer en compagnie de Mansfield Tya
Au final Nyx apparaît comme une entité malade, folle, créée par une sorte de Dr Frankenstein qui aurait troqué ses outils chirurgicaux pour des instruments et aurait appliqué à la lettre les préceptes enseignés par ces laborantins fous de Saravah dans les années 70. Un des disques français les plus marquants de l'année en tous les cas car le seul à vraiment allier prise de risque maximale, univers singulier et accessibilité. Pour tout vous dire, depuis que j'ai pressé play il y a deux jours, je n'ai pas réussi à écouter quoi que ce soit d'autre.Je sais qu'une fois ma note terminée je passerai à autre chose mais je reste persuadé que ça ne durera que deux ou trois jours avant que l'envie ne me reprenne de l'écouter.Et de replonger.

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