lundi 12 septembre 2011

protest song

Comment faire quand on est un groupe de pop ultra sophistiqué et reconnu en tant que tel par une critique dithyrambique se pâmant à chaque nouvelle galette pour sortir un album simple, dénué d'effets, limite dénudé, à la production chétive ?
Les McAloon ont du s'arracher les cheveux entre Steve Mc Queen et from langley park to memphis quand ils se sont retrouvés avec leur protest song sur les bras.
- " Bon écoute Paddy t'es sympa mais là on peut pas sortir ça comme ça. Ça n'a pas de sens. Tu as des chansons d'enfer là : cars & girls, hey manhattan ... c'est ultra chiadé, excellemment produit... qu'est ce tu vas nous faire chier avec tes dix chansons toutes cons, sur l'os ? Y aura rien à en tirer et ça nous fera une image de marque merdique En plus on est en train de cartonner avec when love breaks down, alors tu vas me faire le plaisir d'oublier ces chansons et te concentrer sur l'avenir du groupe. un conseil : laisse tomber. Qui voudra écouter dublin, till the cows come home ou pearly gates ??? elles sont déprimantes tes chansons. Non mais regarde autour de toi Paddy, t'es dans un groupe en pleine ascencion, tu as de l'or entre les mains, il faut du clinquant, faut que ça en jette mon gars, gâche pas ton avenir avec cet album."
Le conseil n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd (quoi que ça viendra malheureusement au bout de quelques années) et protest song n'est sorti qu'en 1989, une fois le groupe mis à l'abri du besoin avec le succès de from langley park. Ce qui est fort dommageable au vu la qualité des chansons proposées. Elles mettent en lumière les qualités d'écriture de Paddy, tout en délicatesse, sophistiquées mais débarrassée de tout le clinquant inhérent aux années 80. Prouvant par la même occasion qu'à poil ces chansons  n'en sont que plus belles ( pour s'en convaincre il suffit de se replonger dans le second cd de la réédition de Steve Mc Queen : sa réinterprétation de certains morceaux atteignent le sublime. ).Un anachronisme certes mais protest song, avec l'insurpassable Steve mc Queen, est, de toute leur discographie, l'album qui résiste le mieux à l'érosion inéluctable du temps . From langley à quelques exceptions est proprement inaudible et Jordan m'a toujours fait l'effet d'un puissant sédatif quelque soit l'époque à laquelle je l'écoute.
Pourquoi protest song ? simple : il est le seul disque qui, à mes oreilles, assume véritablement ses origines. Prefab Sprout ne fantasme plus sur une Amérique idéalisée comme pour from langley, ne s'embarque pas dans l'idée démesurée de vouloir pondre une comédie musicale, non protest song respire la simplicité, la modestie. Même quand Paddy s'embarque vers des morceaux chiadés, sophistiqués (horsechimes, the world awake, tiffanys) il le fait humblement, rendant hommage aux musiques qui l'ont bercé (le jazz, la pop, les comédies musicales entre autre)
Pourquoi alors parler d'un groupe qui n'a aucune actualité en n'en aura probablement plus avant quelques années ? Tout simplement parce qu'en remettant la main sur leurs vinyles dernièrement (protest et steve), je me suis tout d'abord dit que protest song avait un charme désuet, quelque chose de naïf, beau, vrai puis qu'en matière de pop quand Paddy s'en donnait la peine, c'était souvent de très très haute volée. Dommage néanmoins que ses ambitions ne lui aient fait faire un peu n'importe quoi. Parce que moi je l'attends toujours l'album ultime de Prefab Sprout, celui enfin débarrassé d'une production de merde, quelque chose sur l'os, comme dublin justement. Mais bon, je crois que je peux toujours rêver et me réécouter en chialant les excellents steve mc queen et protest song. Ça tient malheureusement de l'utopie.

1 commentaire:

  1. Je redécouvre Prefab Sprout en ce moment, le groupe honteux de mon adolescence (pas si lointaine). J'en viens même à trouver des qualités à Andromeda Heights et The Gunman and Other Stories. Pareil pour Jordan: The Comeback: ça reste un peu sucré, mais "Wild Horses", "We Let The Stars Go", "Jesse James Bolero", "Doo-Wop In Harlem" sont des chansons à tomber, et même la production de Dolby s'en sort avec les honneurs. "I Trawl The Megahertz", c'était l'ultime preuve avant les reprises acoustiques de Steve McQueen et la ressortie de Let's Change The World With Music (un album de Prefab Sprout avec uniquement des arrangements synthétiques; c'est fortuit, mais parlez-moi d'un concept) que Paddy a toujours fait de la musique bouleversante. Mais pour moi, ce qu'il a fait de plus beau, ça reste Swoon, quand son songwriting était plus tortueux (voire carrément labyrinthique,) absolument sublime.

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