mercredi 20 avril 2011

houdini

Comment parler objectivement d'un disque qui, il y a pas loin de vingt ans,  vous a littéralement retourné les tripes ?
Comment parler du choc reçu quand, chez le disquaire du coin (paix à son âme), tu lui demandes : "tiens c'est quoi ça ??" en désignant le choc à venir en question, "tu peux me faire écouter ?? "et que lui te réponde : "ça devrait te plaire."
Commet décrire la sensation éprouvée aux premières notes quand la basse envahie la pièce, énorme, répétant ses motifs inlassablement seule dans son coin, que le batteur limite l'utilisation de sa batterie de cuisine à seulement deux cymbales et que le chanteur vous susurre à l'oreille ses obscénités (he said I'm just a little fascinated by the female form...well i've a flair for porno...) d'une voix presque à bout de souffle.
Comment décrire, enfin, quand arrive le refrain avec ses cuivres semblant être passés à l'envers, cette sensation, cette immédiate chair de poule qui vous prend et ne vous lâchera plus tout au long de cet album.
Alors ?
L'écoute, tout simplement.
Parce qu'aucun mot n'arrivera à décrire vraiment ce que j'ai pu éprouver la première fois qu'(a) man ray, introduction du houdini de Long Fin Killie, a atteint mes oreilles, mon nerf auditif et enfin ce qui me sert de réceptacle à musique. Rien ne pourra décrire la sensation dès les premières notes quand mon cerveau, une fois atteint par cette musique, a commandé au système nerveux central le garde à vous de toute ma pilosité et a décidé sans que je ne consente à quoi que ce soit que le plaisir éprouvé serait proche de celui d'un toxico lors de son premier fix.
Rien ne peut se substituer donc à une écoute.C'est pour cette raison que je ne m'amuserai pas à décrire cet album de Long Fin Killie, que je connais sur le bout des ongles, usé jusqu'à la corde, je n'essaierai pas non plus de décrire  les heures passées dessus à essayer d'en décrypter chaque accord, chaque variation. Non. Ce serait plutôt vain de ma part. Je me contenterai simplement de souvenirs liés à houdini, d'absences enfumées sur how I blew it with houdini, d'abstraction de la notion d'espace-temps  sur love smothers allergy et sa rythmique hypnotique de malade, de la surprise créée par Mark E Smith et ce rire final échappé du it's spooky de Daniel Johnston & Jad Fair sur the heads of dead surfer, des frissons causés par corngold, sa magie, sa fragilité ou, pour terminer la fascination exercée par la voix de Luke Sutherland tout au long de l'album et notamment le final d'unconscious gangs of men.

La découverte de ce groupe fut pour moi une sorte d'accident. Et ce n'est même pas suite à une critique dithyrambique d'un quelconque canard mais simplement parce qu'houdini est sorti sur le label anglais le plus excitant/exigeant des années 90, qui ne sortait à cette époque que des classiques (eva luna de Moonshake, le dry de Pj Harvey, lido de Th' Faith Healers, quique de Seefeel, entre autres) à savoir Too Pure.
Et enfin, pour tout vous dire, ce qui me troue le fondement avec ce  disque, ce n'est pas sa beauté, la fascination qu'il exerce encore sur moi depuis août 1995 et ce malgré des écoutes répétées non, c'est tout simplement le fait qu'il soit passé quasi inaperçu. Long Fin Killie n'a eu aucun succès, rien, peau de balle. A peine un succès d'estime. Le groupe s'est dissout après trois albums sortis entre 1995 et 1997. Outre houdini, valentino, second album, est  tout aussi indispensable. Seul l'effet de surprise créé par houdini le met en deçà de ce dernier. Amelia par contre n'a ni la fulgurance, ni la beauté des deux premiers. L'ordinaire commence à entrer dans la composition du groupe, brisant sa singularité. Si vous voulez connaître ce que sont devenus les membres du groupe après dissolution, Beach Boy et son blog vous le diront mieux que moi.

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