vendredi 11 mars 2011

Sophia

Hier je vous contais dans un souci de réalisme absolu la véritable histoire de la création d'un CO  de la déconnade : le dark noontide de Six Organs Of Admittance.
Aujourd'hui, pour être au plus proche de l'actualité musicale du moment, Tonton myrrhman s'en va vous conter une autre histoire sympa et gaie.
Il était une fois un gars qui était dans un groupe. Le groupe a un succès ma foi fort estimable et sort dans les années 90 ce qui semble être devenu un classique. Il se sépare à la mort d'un de ses membres. Tumeur = 1 ; God Machine = 0. Le leader en est tellement choqué qu'il entre dans un mutisme et compose seul dans sa chambre un album de huit chansons en trois heures. Le thème principal de ce disque est la célébration de la vie, l'importance des m&m's dans la vie d'un groupe de métal slowcore, ainsi que le rôle crucial qu'a pu jouer Céline Dion dans la reproduction d'embryons cryogénisés prénommés rené. Bref, des sujets cruciaux, vitaux, d'une importance somme toute capitale. Le tout est torché à la va-comme-je-te-pousse par une sorte de Butch Vig  mal voyant sous acides essayant toute sorte de consoles qui lui tombaient malencontreusement sous la main. Le résultat, d'une durée d'environ trois heures, est devenu un album culte pour tous fans du grand Garou ou encore Patrick Fiori. On y perçoit une sorte d'exaltation, d'appel à la vie, un hymne à l'amour aussi, tout resplendit dans ce disque qui confine au sublime.
Bon ok, j'arrête mes conneries, je suis en pleine descente d'acides là. Je reviens sur terre prêcher la bonne parole.
Je parlais dans une note récente du premier Red House Painters et de son impact sur ma propre personne. J'aurais très bien pu le remplacer par le premier album de Sophia, fixed water. Ecrit dans les conditions expliquées récemment (comme quoi sous toutes les conneries que je peux débiter il y a toujours un fond de vérité), Robin Proper Sheppard  finit par jeter à la poubelle (sens figuré, je précise) ses guitares électriques et mis ses tripes sur la table pour accoucher d'une sorte de catharsis libératoire. Pour lui, pas pour nous.Car autant de mélancolie, de rage, de désespoir jetés en pâture, comme ça, à la gueule de l'auditeur, ça en frise presque l'indécence. Presque hein. Le résultat, s'il est d'un désespoir à rendre euphorique n'importe quel bipolaire touchant le fonds, est d'une beauté à faire chialer. D'un dénuement et d'une sincérité extrêmes (musique comme paroles), fixed water semble être l'équivalent d'un journal intime sur lequel Proper Sheppard aurait apposé sa musique. La grande réussite de cet album est de faire coïncider justement l'intime et l'universel, l'introspection avec son cortège de sentiments contradictoires, haine, tristesse,mélancolie, humour vache (when you're sad mais est-ce vraiment de la vacherie ?) sans voyeurisme ni indécence. Seul subsiste dans tout ce déballage un désespoir tenace et paradoxalement un sentiment de plénitude quand arrive la fin d'I can't believe the things... Plénitude car on a l'impression d'assister en live à une sorte de psychothérapie dont l'issue serait une sorte d'apaisement.
En gros, Sophia propose en trente cinq minutes ce que certains mettent des années à accomplir : le cheminement du deuil, du déni jusqu'à l'acceptation.  Pas mal s'y sont essayés, s'y sont cassés les dents,  peu ont réussi. Avec humilité, un sens de la mélodie inné, une certaine grâce,  fixed water s'impose pour moi comme un indispensable au même titre que le rollercoaster de Red House Painters. Ni plus ni moins.


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