lundi 8 novembre 2010

the woody nightshade

-Tiens, t'écoutes de la musique de hippie ??? c'est sorti quand, dans les années 70 ton truc là ??
- Le deux novembre dernier.
-Ah bon ??? t'es sur ??
-Oui. Et le fait que ça ait l'air d'une musique de hippie ça t'ennuie ?
-Pas du tout, seulement ça fait drôle de t'entendre écouter ça. Ça change de l'habitude, tes trucs bourrins, bizarres ou inaudibles, voir parfois les trois en même temps.
-(Connasse. Retourne à ton ménage et fais pas chier. Ça je l'ai pensé, pas dit. Lâche je suis, lâche je resterai. Foi de moi-même.) Ben ouais, faut bien changer parfois. Et puis...je savais que ça te ferait plaisir.
-C'est qui ???
-Sharron Kraus. J'ai tous ses albums. Je kiffe grave marace.

Commencer une note, sur un des meilleurs albums sorti cette année, de cette façon fait franchement pitié. Désolé, j'ai rien trouvé d'autre.
Bon, en même temps le woody nightshade de Sharron Kraus est tellement austère que je ne vois pas trop comment je pouvais la commencer autrement.
Pour entrer dans le vif du sujet je dirais qu'il y a longtemps que je n'avais pas écouté de folk aussi beau, intense et prenant. Pas depuis  le II d'Espers. Groupe avec lequel Sharron Kraus partage de nombreux points communs (d'ailleurs le meilleur album d'Espers est sorti en 2006. Pas le II ...quoique... mais la collaboration entre Meg Baird, Helena Epsvall et Sharron Kraus.). Une certaine idée de la folk, puisant ses racines chez les troubadours, pas loin de Dorothy Carter ou encore, lien de parenté absolument évident chez Kraus, Shirley Collins. Du folk hanté, sans âge, sombre, d'où sort parfois quelques trouées lumineuses ( la fin d'evergreen sisters notamment, story). Un folk minimal fait de peu de choses, quelques arpèges, une clochette, un tambourin, installant une ambiance particulière, un univers unique. Le tout relayé par une voix...comment dire...sublime ?? Une voix qui fait vraiment la différence et emporte tout sur son passage. Un instrument à part entière utilisé de façon intelligente. Sharron Kraus sait faire de ce qui pourrait être un handicap une véritable force. Toute la qualité, la force de woody nihghtshade repose sur l'utilisation de cette voix et des possibilités qu'elle en tire (heaviness of heart, morceau magnifique quasi à cappella soutenu à bout de bras par un tambour ainsi qu'une clochette.). Il ne faut pas omettre non plus la qualité d'écriture de la lady, toute en finesse pour un résultat proche de l'os, juste beau. Pas d'effets lacrymales, une émotion brute à laquelle on pourrait reprocher une aridité tant au niveau de l'écriture que de la production.Il manque, pour assouplir le tout, le banjo qui apportait une chaleur sur les autres galettes de la gente dame. Néanmoins, il s'agit d'un album remarquable, addictif , qui ne s'apprivoise que sur le long terme. Pas facile d'accès certes mais qui révèle ses richesses au fur et à mesure des écoutes. Un album qui, au final, s'imposera tout en modestie sur le podium de fin d'année, fera heureusement oublier  la faiblesse du III d'Espers sorti l'an dernier (traveller between the worlds annihile tous les efforts  du III  en un peu plus de cinq minutes , tutoyant  les sommets du I et II.) et imposera Sharron Kraus comme l'égale d'une Bridget St John, Shirley Collins ou encore Nick Drake de ce début de millénaire. Ni plus ni moins (Et justifiera par la même occasion  mon classement dans les dix auteurs/compositeurs/interprétes qui comptent pour moi).

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